Najat Kamal : femme, génie et persévérance

Il y a des personnalités que l'on aime retrouver. Il y a quelques années, nous avions déjà présenté le parcours aussi original qu'exceptionnel de Najat Kamal, ing., aujourd'hui, responsable Environnement et Qualité chez Nexans.

À l'occasion de sa participation à la conférence Femmes en génie : maximisez le potentiel de vos équipes, celle-ci nous parle un peu plus de son expérience d'ingénieure avec humilité et un brin d'humour, le tout parsemé de conseils avisés. Profitons-en!

Des figures de génie : de Marie Curie à Rosa Galvez

Pourquoi prend-on la voie du génie? Pour Najat Kamal, la passion pour la chimie et la chimie industrielle remonte à l'enfance. « Au 5ᵉ primaire, j'ai été première de ma classe. On m'a alors offert un prix qui comprenait une série de beaux livres dont deux sur Marie Curie.

Durant tout l'été, j'ai parcouru sa biographie et c'est resté gravé dans ma mémoire : la passion, la détermination d'une fille pour qui l'accès aux études scientifiques était impossible, devenue une grande chercheure. La persévérance et la passion ont fait toute la différence.

Après, si j'ai à choisir une femme qui m'a beaucoup influencé dans mon parcours actuel, ce serait ma directrice de thèse, la sénatrice Mme Rosa Galvez, doctorante en génie environnemental de l’Université McGill et professeure à l’Université Laval. C'est ma source d'inspiration.

Elle n'a pas peur d'affirmer ce qu'elle pense et fait preuve de clarté, d'honnêteté et de franchise. Venue comme moi d'un autre pays, le Pérou pour sa part, elle a fait sa place dans un milieu d'hommes à la base, le génie civil. Je me rappelle qu'elle me disait qu'il fallait que je travaille quatre fois plus que les hommes pour avoir le même statut! 

Choisir le Québec : des racines au fruit

J'étais déjà persévérante et déterminée quand je suis arrivée ici et je voulais réussir. Je me disais si le Québec m'a choisie, si ce pays m'a choisie, c'est parce que j'ai ma place ici. Je dois faire ma place et je crois que c'est faisable. Il faut juste persévérer. 

Je ne veux pas rester sur le banc de touche, ni entre ici, ni entre là-bas. C'est sûr que mes racines sont au Maroc, mais mon fruit pousse au Québec. Ça n'a pas été facile. J'ai travaillé dur. Pour autant, je pense que ça n'est simple pour personne. La différence est dans la persévérance.

S'épanouir en exerçant un métier intense et riche

Je m'occupe de systèmes qualité, d'environnement et de projets d'amélioration continue. Je ne fais jamais la même chose et je vis des journées assez intenses, mais très riches. En fin de journée, on a un sentiment de gratitude et de satisfaction de l'atteinte de l'objectif et de faire la différence. C'est de la résolution de problèmes. Pour moi, c'est inspirer les autres, influencer les autres, motiver l'équipe et c'est ce qui me garde motivée. »

Mme Kamal a-t-elle souffert de son contexte professionnel pour concilier travail et vie familiale? « Si je remonte à mon expérience, quand j'avais de jeunes enfants, c'est vrai qu'il y avait beaucoup d'engagement. Il fallait composer avec la garderie, la recherche, mes études que j'avais reprises à ce moment-là, j'étais aussi chargée de cours à l'université... le tout en étant avec deux enfants en bas âge à Québec tandis que mon conjoint travaillait à Montréal.

Tout cela m'a demandé du courage, pourtant, ça ne m'a jamais freiné, au contraire, ça m'a motivé à aller plus loin. À cette époque, par contre, j'avais moins d'implications sociales ou bénévoles comme maintenant. 

C'est certainement moins évident pour les personnes séparées ou monoparentales ou lorsque les garderies font grève par exemple. Néanmoins, les nouveaux outils de télétravail facilitent entre autres la conciliation travail-famille pour les professionnelles qui n'ont pas besoin d'être 100% sur le plancher.

Plus d'ouverture, plus de femmes en génie

Je crois que les mentalités sont en train de changer. Je trouve que les choses évoluent et qu'il y a plus en plus de recrutements de femmes. Par exemple, depuis un an et demi que je suis chez Nexans, une collègue a été recrutée en production, une autre collègue en santé sécurité, une autre comme gestionnaire de magasin et nous sommes en train de rechercher une opératrice. Nous sommes rendus à 15 femmes. Auparavant, ce chiffre-là n'existait pas.

Ce n'est pas tant que nous nous sommes fixés l'objectif de recruter des femmes, cependant, dans le processus de sélection, les femmes se sont distinguées. On a vu leur engagement et leurs compétences.

Selon moi, ce qui fait la différence, c'est de faire preuve d'ouverture. Que ce soit au niveau de ma direction des ressources humaines et de ma direction générale, j'ai vu beaucoup d'ouverture. Avoir la volonté de sortir de ses habitudes et de ses préconceptions, c'est peut-être ça qui permet de se transformer et d'avoir accès à ces profils. Pour voir les compétences, il faut pouvoir rencontrer celles qui les ont! »

Conseils aux ingénieures de demain

Gardez ce plaisir d'apprendre, cet enthousiasme, cette ouverture aux défis et cet espoir de réussir. Continuez d'être créatives, positives, rigoureuses, studieuses, aidantes et gentilles. Ne renoncez pas à vos objectifs et ne prenez rien pour acquis. N'oubliez pas de savourer vos petits succès et portez fièrement votre titre d’ingénieurE! »

 

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