Najat Kamal, ingénieure junior - Du Maroc au Québec

Prendre sa place dans le secteur de l'ingénierie n'est pas banal quand on est une femme. Au Québec, seulement 14% des ingénieurs sont de sexe féminin. Najat Kamal fait partie du nombre et son parcours sort des sentiers battus. Entrevue.

Fière Marocaine se disant citoyenne du monde, Najat Kamal a obtenu son titre d'ingénieure dans son pays natal en 1996. C'est après la visite d'une usine d'épuration des eaux qu'elle a compris que le génie, c'était sa voie. « Je devais remettre un rapport à mon enseignant portant sur notre visite, raconte-t-elle. Naturellement, j'ai tracé le schéma du trajet emprunté par l'eau. J'ai vu des lumières dans ses yeux. C'est ce qui m'a allumée. »

Celle qui se décrit comme « scientifique et humaine » a donc entrepris des études en génie. D'abord, un baccalauréat en génie de l'environnement, suivi d'un autre en génie chimique et d'une maîtrise en génie chimie-physique. « Au Maroc, ça a été un défi de me faire accepter comme jeune ingénieure et faire valoir mes idées. Il était difficile de faire sa place sans tomber dans le piège de la corruption », mentionne celle qui était ingénieure municipale au Maroc.

En collaboration avec le centre de recherche sur le phosphate du groupe OCP , premier producteur et exportateur mondial de phosphate sous toutes formes, elle a tout de même fait sa marque dans son pays natal avec le développement d'une méthode de fabrication du phosphate bicalcique par neutralisation de l'acide phosphorique. « Il s'agit d'un procédé propre qui fournit ce produit comme fertilisant, aliment de bétail et additif dans les prothèses dentaires et produits pharmaceutiques », précise-t-elle.

Arrivée dans la Belle province le 20 avril 2002, Najat Kamal a entrepris son doctorat en génie civil, environnement, à l'Université Laval (UL). Au cours de cette période, elle a participé au développement d'un traitement biologique du lixiviat de bois et d'enlèvement des contaminants émergents au Centre de recherche industrielle de Québec.

« C'est plus facile pour les femmes de faire leur chemin en ingénierie ici comparativement au Maroc, soutient la professionnelle en génie des procédés et environnement. D'autant plus qu'il n'y a pas d'âge ni de limite à l'aide subventionnelle pour des études. Au Québec, je me suis toujours sentie acceptée. On travaille en équipe, on relève plusieurs défis. Mon expérience m'a été utile pour faire ma place », affirme-t-elle, spécifiant qu'il faut faire preuve de persévérance malgré tout.

Au cours des dernières années, elle a occupé divers emplois à durée déterminée ou pour des projets précis. « Il ne faut pas pour autant renoncer à notre passion. Il faut savoir aller vers l'autre », estime-t-elle. Elle a par ailleurs contribué au développement de l'entreprise Ecofixe après le décès de son ancien président, et à l'élaboration du protocole de sa technologie auprès du Bureau de normalisation du Québec.

Dans la même lignée de pensée, elle n'hésite pas à donner au suivant en inspirant la relève et s'engageant dans son milieu professionnel. Ainsi, elle est une bénévole active dans les activités du Réseau Environnement, l'Ordre des ingénieurs du Québec et au sein du grand public pour la sensibilisation à l'environnement. Elle sert cette cause par une démarche scientifique, humaine et sociale à travers des ateliers, démonstrations et conférences en environnement, énergies renouvelables et traitement biologique des eaux, dans les écoles, cégeps et universités.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, qui se déroule sous le thème de L'égalité sans limites, l'ingénieure junior spécialisée en environnement, procédés, santé et sécurité au travail assure ne jamais avoir senti de préjugés parce qu’elle était immigrante, mais reconnaît, du même souffle, que son passage à l'UL lui a peut-être facilité la tâche.

« La contribution féminine est très importante en ingénierie, souligne la résidente de Blainville, dans les Basses-Laurentides. Par sa nature, la femme est créative, souvent calme et patiente. Une qualité non négligeable dans le secteur. Elle fait preuve d'une force intérieure et d'une capacité de gérer plusieurs choses à la fois. Elle a une vision globale et c'est un atout. » Récemment embauchée par PolyOne Canada, Najat Kamal obtiendra son titre d'ingénieure le 7 avril 2017.

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