Kahina Oudjehani - Un parcours marqué par la persévérance

Si le parcours d'une Québécoise voulant étudier dans le domaine de l'ingénierie était considéré comme atypique dans les années 90, que dire de celui d'une jeune Algérienne qui allait suivre cette voie dans son pays natal?
Alors qu'elle souhaitait entamer des études en médecine vétérinaire, Kahina Oudjehani a dû rabattre son choix vers une autre discipline, faute d'un programme extrêmement contingenté. En optant pour l'ingénierie, cette dernière allait sans le savoir donner un nouveau tournant à ses aspirations.

« À priori, j'ai choisi ce domaine de façon temporaire, le temps de compléter une année à l'université et de pouvoir faire le saut en médecine vétérinaire. Lorsque cette opportunité s'est présentée à moi, je ne pouvais concevoir d'emprunter un autre chemin que celui de l'ingénierie. Le côté logique, les résultats palpables, le concret, tout ça me motivait au plus haut point et c'est toujours le cas aujourd'hui. »

Devenir une femme de carrière

Complétant son baccalauréat à l'Université de Blida, Mme Oudjehani suit un autre de ses rêves, celui de devenir une femme de carrière. Pour ce faire, elle décide de quitter son pays, considérant qu'il lui serait impossible de pleinement y atteindre ses objectifs professionnels.

« Je n'ai jamais senti de la part de mes camarades de classe masculins ou de mes professeurs que je n'étais pas à ma place lorsque je faisais mes études. Toutefois, je savais que ce serait très difficile de m'épanouir professionnellement en Algérie. Je voulais faire des présentations en anglais, être une femme de carrière, voyager à travers le monde, bref, laisser ma marque. Comme ma sœur était déjà établie ici à Montréal et que j'y voyais l'opportunité d'atteindre mes buts, le choix de venir m'y installer m'apparut logique. »

Un défi de taille

Complétant sa maitrise ès sciences appliquées à l'École Polytechnique de Montréal en 2000, Mme Oudjehani décrochera par la suite un premier emploi chez Bell Canada pour le développement de la méthodologie de calcul des gaz à effet de serre. Elle y passera environ cinq ans, puis formera sa propre entreprise en consultation environnementale en 2006.

C'est en 2008 qu'elle se joindra à Bombardier où on lui confit le mandat de créer une stratégie d'exécution pour l'étude de l'impact environnemental de l'avion C Series, en plus de réaliser une déclaration environnementale de produit. Publiée en 2016, cette déclaration est une première mondiale dans le domaine de l'aéronautique.

Maintenant à la tête de l'équipe Écoconception pour les secteurs d'activités aéronautiques de Bombardier, Mme Oudjehani affirme que sa plus grande fierté est d'avoir contribué à mettre sur pied une discipline qui n'existait pas avant son arrivée.

« La création de ce nouveau département représentait un immense défi pour l'ensemble des membres de l'équipe. Nous devions partir de zéro et adapter la démarche d'écoconception au développement d'un avion. Je crois d'ailleurs que c'est ce qui me passionnait le plus à ce moment, de faire ce qui n'avait encore jamais été fait.

Aujourd'hui, mon plus grand sentiment de satisfaction est de savoir que les initiatives que nous mettons de l'avant permettent de réduire l'impact écologique de nos produits. Je suis fière lorsque je réalise que nos efforts et notre persévérance ont des répercussions positives sur l'environnement.»

La persévérance avant tout

Membre des conseils d'administration de l'International Aerospace Environmental Group (IAEG) et de l'Aircraft Fleet Recycling Association (AFRA), de nombreux défis attendent Mme Oudjehani et son équipe au cours des années à venir, dont celui de l'optimisation sécuritaire et environnementale du recyclage d'appareils mis hors service.

Si elle avait un seul message à transmettre à la future génération d'ingénieurs, garçons et filles, ce serait celui de la persévérance. « Il faut continuer à travailler avec acharnement pour réduire notre empreinte écologique et se rappeler que chacun de nos efforts aura un impact positif sur l'avenir. »

 

Revenir au dossier Femmes en génie

Abonnez-vous à nos infolettres pour ne rien manquer