L’économie circulaire chez Groupe SEB : un atout considérable
Conseiller stratégique et coach LinkedIn
Joël Tronchon est Directeur du Développement Durable chez Groupe SEB, 1er fabricant mondial de petits équipements domestiques pour près de 40 marques sur tous les continents. Conférencier lors du prochain événement RDG 2018, il m’a permis de voir les avantages concrets d’une transition vers une économie circulaire, notamment pour les employés qui y voient une grande fierté.
M. Tronchon, quel est votre rôle chez Groupe SEB?
Ça fait plus de 5 ans que je suis en charge du développement durable pour le groupe SEB. Mon rôle est de travailler à ancrer cette approche dans tous les métiers du groupe. Je m’occupe de promouvoir le développement durable avec toutes ses composantes. Le champ couvert va de l’éthique à la politique sociale, en passant par l’empreinte environnementale de nos activités. Cela concerne aussi l’innovation durable de nos produits et services, qui permettent à nos consommateurs une consommation plus responsable.
Il y a quelques années, on s’était dit qu’on avait des atouts par rapport à nos concurrents, qu’on pouvait se différencier sur la promotion d’initiatives d’économie circulaire dans le business. D’ailleurs, c’est cela dont on va parler plus particulièrement à l’événement du 22 février 2018. Nous allons vraiment mettre le focus sur l’économie circulaire et comment nous le valorisons vis-à-vis de nos clients distributeurs et de nos consommateurs.
Justement, le consommateur final, est-ce qu’on lui parle d’économie circulaire?
Non, on laisse le concept à l’arrière-plan. L’économie circulaire en fait, c’est une ombrelle qui assure la cohérence de toutes nos actions. Lorsque j’en parle, c’est principalement à nos parties prenantes : les investisseurs, les ONG, les associations, etc.
Le consommateur final lui, que SEB fasse de l’économie circulaire en tant que concept, cela l’intéresse peu. Ce qui l’intéresse par contre, c’est quand on lui propose des produits qui sont durables, recyclables, réparables… Là ça lui parle en tant que bénéfice consommateur.
Comment avez-vous réalisé que vous aviez cet avantage sur vos concurrents?
Il y a tout d’abord un contexte. Dans les années 2000, nous avons tenu un pari qui était un peu inverse des autres concurrents. Nous avons décidé de garder nos usines et notre système de production industrielle à travers la planète. C’était une volonté économique et sociale, très clairement affichée.
À ce moment-là, lorsque vous parliez au consommateur de produits réparables, il se disait « Ce n’est pas très grave. Un produit d’électro-ménager, ce n’est pas très cher. Je l’achète, je le jette, j’en rachète un neuf. » Aujourd’hui, ce n’est plus mainstream de penser comme ça. Le consommateur veut garder son produit le plus longtemps possible. Mais il a fallu casser cette idée que les produits d’électro-ménagers et d’équipements domestiques étaient des produits jetables.
Le concept d’économie circulaire est arrivé à la fin des années 2000. Nous y avons vu une opportunité. Pour faire de l’économie circulaire et proposer à nos consommateurs des bénéfices produit – éco-conçu, qui intègre des matières recyclées, qui soit recyclable ou réparable – c’est beaucoup plus simple de le faire quand vous maîtrisez la chaîne de production.
Lorsque vous sous-traiter ça à des intermédiaires, vous ne maîtrisez plus la durabilité de vos produits et surtout leur soutenabilité dans le temps, parce que ce n’est plus vous qui produisez les pièces détachées par exemple. Donc ça devient rapidement très compliqué.
Comment favorise-t-on l’adhésion des employés à cette culture?
Il y a plusieurs choses qui contribuent. Nous communiquons sur nos standards de qualité et sur la durabilité de nos produits. Mais avant tout, je dirais que c’est la fierté de nos salariés.
Dans une étude faite par les ressources humaines il y a quelques années, on démontrait que le sentiment de faire des produits de qualité et durables agissait positivement sur la perception de la qualité de vie au travail.
L’impact se fait sentir aussi au niveau de l’engagement, de l’estime de soi et de la motivation quotidienne au travail, notamment pour le personnel de production de nos usines. Cela nourrit notre marque employeur en quelque sorte.
Et puis après, nos équipes commerciales et marketing ont vu très vite un intérêt vis-à-vis nos clients distributeurs - Wal-Mart, Carrefour, …- dans ce discours qui consistait à dire « Nous sommes différents. Nous allons vous proposer de référencer des produits qui sont fabriqués dans de bonnes conditions sociales et environnementales durables et vous aurez de la fierté à les vendre dans les rayons de vos magasins à des consommateurs de plus en plus exigeants sur la durabilité des produits qu’ils achètent ». Toute la chaîne de valeur devient impactée positivement.
Quelle est la suite pour le Groupe SEB?
L’économie circulaire, cela nous pousse à nous interroger, à nous pencher sur de nouveaux modèles d’affaires. C’est un levier d’innovation… dont on n’a pas encore tout à fait trouvé toutes les clés.
Je vous donne un exemple : nous allons lancer dans trois mois la location d’appareils culinaires électriques à Paris. C’est un modèle d’affaires très différent de ce qu’on fait aujourd’hui chez Groupe SEB. C’est l’économie circulaire qui nous a amené à expérimenter cette nouvelle offre, où l’on partagera la valeur économique créée avec différentes parties prenantes. Du coup, ça revient à innover sur la manière dont on fait le business en repensant la relation avec nos clients-distributeurs et nos consommateurs.
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