Aller volontairement vers la circularité
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L’actualité nous en fait part quotidiennement, une transition écologique et économique est en marche et soulève de nombreuses questions : à quelles transitions doit-on s’attendre ? Comment intégrer une saine gestion des ressources, qu’elles soient extraites des écosystèmes ou des sous-sols ? Dominique Bourg, président du conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l'Homme (précédemment Fondation Nicolas Hulot), philosophe et professeur à l’université de Lausanne, abordera ces questions liées aux perspectives d’avenir de nos sociétés contemporaines lors du RDG sur l’économie circulaire. Voici quelques conseils pratiques pour aller vers la circularité.
La circularité : pourquoi faut-il concilier croissance et économie circulaire?
Une économie circulaire en économie de croissance, ça ne peut pas exister. C’est purement verbal. Tout ce qu’on sait aujourd’hui depuis l’après-guerre montre que c’est quelque chose d’impossible pour les 2 raisons suivantes.
- La première, c’est que dès qu’on dépasse un taux de croissance d’une matière donnée de 1% par an, la part de la matière que l’on parvient à recycler – qui n’est pas la totalité et surtout qu’on a introduit 1/2/3/4 décennies après – ne représente qu’une toute petite part de ce que l’on doit alors consommer. Par exemple, c’est la raison pour laquelle tout ce que l’on a recyclé au 20e siècle pour le fer n’a épargné que 5% de la matière première.
- La deuxième, c’est que cette idée de maintenir une croissance repose sur qu’on appelle le découplage - le mantra du développement durable. Cela suppose que l’on peut avoir un PIB qui continue de croître avec, de façon sous-jacente, des flux de matières qui eux décroissent. Or ça, c’est un rêve. Ça ne s’est jamais produit.
Si vous regardez le Rapport sur les objectifs de développement durable 2016 de l'ONU Nations Unies, les flux de matières au monde croissent plus vite que le PIB mondial depuis le début des années 2000. C’est tout simplement dû à l’émergence des classes moyennes dans les pays émergents qui ont un style de vie semblable ou proche du nôtre. Cela entraîne une explosion des flux de matières.
Quels avantages auront ceux qui effectuent la transition vers la circularité avant les autres?
La clé de la circularité, c’est de réduire ce qui entre dans le système économique. Vous n’aurez jamais d’économie circulaire si vous ne réduisez pas les flux de matières et les flux d’énergie qui alimentent l’économie.
Une économie qui commence à aller vers la circularité, c’est une économie qui augmente très fortement sa résilience. Elle devrait mieux encaisser, comparativement à une économie classique, les chocs de l’augmentation des coûts et de la disponibilité de matières pour les décennies qui viennent.
Quel est le rôle des ingénieurs avec les principes de circularité ?
L’impact des ingénieurs est fondamental. Il n’y a pas d’économie circulaire sans éco-conception. Tout part de là. Il faut rendre les matériaux et éléments recyclables, réutilisables, refabricables, etc.
L’ingénieur, au lieu d’être au service d’un système économique, devient enfin au service de la population. Parce qu’il n’y a plus de croissance, tous les gains se répartissent sur tous plutôt que de se concentrer en capital pour une minorité.
Qui sera affecté principalement par cette transition économique vers la circularité ?
Il faudrait déjà qu’elle se produise. Et idéalement de façon volontaire. Je crois que vous conviendrez qu’on n’est pas tout à fait partis pour ça. Le mantra de la croissance, tout le monde y tient. Les choses bougent un peu. Peut-être plus en Europe qu’en Amérique du Nord.
À un moment ou à un autre, on aura des problèmes. Par exemple, on en a déjà avec certains produits semi-précieux. Or, tout le secteur high tech est lié à ceux-ci. Aussi, on a une production mondiale de céréales qui croît moins vite que la croissance démographique. Etc. Etc.
Ça ne durera pas indéfiniment. Je ne sais pas si c’est dans 5/10/20/50 ans, mais cela va crasher. Ce que je peux dire, c’est que si on ne le fait pas volontairement, cela nous sera imposé involontairement.
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