Comment appliquer l’économie circulaire au secteur du bâtiment en tant qu’ingénieur·e?

Points clés

  • L'économie circulaire représente un changement de paradigme majeur par rapport au modus operandi actuel des entreprises du secteur
  • L’application de la méthode ReSOLVE au cycle de vie d’un bâtiment aiderait à faire émerger  les opportunités de circularité pour les ingénieurs et ingénieures
  • L’éducation du personnel en ingénierie et ensuite la sensibilisation de leurs parties prenantes (clients, patrons, fournisseurs) sont les principaux défis

Qu’arriverait-il si les rebuts de 2 x 4 utilisés lors d’une construction étaient systématiquement recyclés afin de devenir du contre-plaqué (« plywood », en anglais)?

Cette pratique n’est aujourd’hui que bien peu courante, mais c’est exactement ce type de changement que propose le passage d’une économie linéaire à circulaire dans le secteur du bâtiment. C’est aussi dans ce contexte que les ingénieurs auraient un rôle crucial à jouer afin de réduire les quelque 25% des gaz à effet de serre au niveau mondial que ce secteur génère selon la firme McKinsey & Company. Tour du sujet en 3 temps.

Linéaire et circulaire : deux concepts qui s’opposent

Comme le décrit Arup, une firme de conseil en ingénierie spécialisée dans la construction dans son rapport de 2016, « la consommation de ressources a historiquement suivi une approche linéaire. Les matériaux sont obtenus, utilisés et finalement éliminés sous forme de déchets. C’est le modèle du nom de prendre-fabriquer-utiliser-disposer [...] » C’est d’ailleurs cette approche qui produit les conséquences négatives que sont la pollution et les changements climatiques.

À l’opposé, l’approche circulaire cherche à découpler la croissance économique de la consommation de ressources. C’est ainsi que les produits seraient conçus de manière plus durable, avec en tête une réutilisabilité maximale, une recyclabilité optimale et une production de déchets minimale.

Accélérer la transition vers le circulaire en appliquant ReSOLVE

Afin de trouver des applications de l’économie circulaire au secteur du bâtiment, cette même firme propose la méthode « ReSOLVE », signifiant Regénérer, Partager (« Share », en anglais), Optimiser, Boucler (« Loop », en anglais), Virtualiser et Échanger.

En combinant cette méthode avec les différentes étapes du cycle de vie d’un bâtiment, les opportunités de circularité deviennent alors évidentes : conception basée à 100% sur des matériaux recyclés en provenance d’une plateforme comme ÉcoRéno (Boucler), usage de véhicules de construction entièrement électriques de l’entreprise Caterpillar (Optimiser), valorisation des déchets du bâtiment en énergie par les processus de biométhanisation de la compagnie Ontarienne Evergreen (Régénérer)

L’éducation et la sensibilisation : des freins à l’augmentation de la circularité

Si toutes les solutions sont à notre portée, comment se fait-il que l’indice québécois de circularité ait de la difficulté à atteindre si peu que 3,5%? Convaincre son patron ou son client que la conversion d’une vieille bâtisse serait mieux que d’en construire une nouvelle, requière plus que des compétences de base.

La réponse tiendrait en majorité dans l'éducation et la sensibilisation. On le voit concrètement avec l'engagement de l’Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) de « s’assurer que les futurs ingénieurs (candidats à la profession d’ingénieur) maîtrisent les compétences de base en lien avec le développement durable »

Un outil scientifique et reconnu permettant de pallier ceci serait l’analyse de cycle de vie et des organismes tels que le CIRAIG offrent de nombreuses formations sur ce sujet destinées aux professionnels et professionnelles.

 

Photo de Lance Anderson sur Unsplash.

 

 

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