Votre salaire est-il concurrentiel? Comment l’évaluer, le comparer et le négocier?

Même s’il n’est pas l’unique intrant dans l’indice du bonheur des professionnels en génie, « le salaire demeure l’élément central de la rémunération » s’entendent les experts invités à traiter du sujet lors de notre conférence du 26 octobre : Négocier son salaire, un exercice stressant, mais une démarche cruciale dans une carrière.

C’est aussi l’une des conclusions de la 30ᵉ édition de l’enquête sur la rémunération des professionnels en génie du Québec 2022-2023 menée par Genium360.

Cela dit, la question salariale est encore taboue dans notre société et le monde du génie n’y fait pas exception.

La dernière édition de l'enquête révèle d’ailleurs que seuls 18% des professionnels en génie du secteur privé ont eu une augmentation salariale à l’issue d’un processus individuel de négociation au cours de la dernière année.

Bien sûr, la perspective de négocier son salaire est synonyme d’anxiété pour bon nombre d’entre nous, mais une telle démarche est pourtant cruciale dans l’évolution d’une carrière et elle peut donner d’excellents résultats à condition de bien s’y préparer.

Outiller les professionnels en génie pour les aider à comparer leur salaire, à mieux comprendre les pratiques de rémunération dans leur secteur et à adopter de bonnes techniques de négociation, voilà la mission qui a été confiée à :

  • Roxane Bazinet, directrice de recherche pour la firme de sondage Léger,
  • Evelyne Gaudreau, conseillère chez PCI rémunération conseil et
  • Kevin Hill, professeur agrégé à HEC Montréal,

lors de cette conférence animée de main de maître par Marie-Pier Caron de l’entreprise Comme des filles Productions.

À en juger par l’engouement suscité par cette conférence qui a généré plus de 2 300 inscriptions, l’importance du sujet ne fait aucun doute et nos membres ont pu en retirer de précieux conseils qui les aideront à progresser dans leur carrière. Voyons les principales conclusions des experts.

L’importance des données

D’entrée de jeu, Roxane Bazinet nous expose les dessous de l’enquête en faisant valoir que pour obtenir des données pertinentes, toute enquête sérieuse doit miser sur une méthodologie scientifique, s’adresser aux bonnes personnes et être adaptée à leur contexte actuel.

Pour la 30ᵉ édition de son enquête salariale, qui a été réalisée par Léger entre le 4 mai et le 13 juin 2022, Genium360 a pu compter sur la participation de 6 304 salariés à temps plein issus de sa liste de membres comptant 47 576 professionnels en génie. « C’est une très belle représentation qui comporte une marge d’erreur tout à fait acceptable de +/- 1,1 % », commente madame Bazinet.

Elle nous révèle aussi que le salaire moyen1 des professionnels en génie du Québec, tous secteurs confondus, s’élevait à 116 244 $ au 1ᵉʳ février 2022. Année sur année, il s’agit d’une hausse de + 5,26 % qui s’expliquerait en partie par la volonté des organisations d’aider leur personnel dans un contexte d’inflation, et de faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Outre une analyse complète du salaire moyen en fonction d’une panoplie de critères, l’enquête révèle de précieuses données, notamment sur les horaires flexibles, le télétravail et les intentions de quitter son emploi.

Savoir mettre les données en contexte

Dans le deuxième volet de la conférence, présenté par PCI rémunération-conseil, Evelyne Gaudreau souligne que pour comparer ses conditions d’emploi à celles du marché de manière efficace, il importe d’utiliser le bon appariement (années d’expérience, qualifications, etc.), le bon marché de comparaison (type d’entreprise, secteur d’activité, région, etc.) et de comparer les mêmes composantes de la rémunération qui se regroupent sous quatre volets :

  1. La rémunération directe (salaire, bonis, etc.)
  2. La rémunération indirecte (avantages sociaux)
  3. Le développement professionnel
  4. L’environnement de travail

En plus d’expliquer comment les organisations positionnent chacune des composantes, elle mentionne que la valeur attribuée à chaque volet varie en fonction des caractéristiques individuelles de la main-d’œuvre, rendant l’exercice de comparaison plus ardu. Madame Gaudreau illustre d’ailleurs cette complexité à l’aide d’un exemple chiffré qui démontre l’importance de ramener toutes les conditions d’emploi offertes sur une base de calcul comparable avant d’en tirer des conclusions.

« Le salaire demeure l’élément le plus important, du fait qu’il est le plus visible et qu’il a une incidence sur la majorité des autres composantes de la rémunération globale, comme le boni, par exemple, nous observons toutefois que les composantes autres que le salaire prennent de plus en plus d’importance dans le marché actuel », conclut-elle.

Comparer ses conditions salariales, c'est bien, mais les négocier c’est mieux!

« Qui ne risque rien n’a rien » pourrait résumer les propos de Kevin Hill, professeur agrégé de HEC Montréal qui, pour conclure la conférence, a pris soin de déboulonner certaines idées préconçues qui empêchent les gens d’entamer une négociation et d’exposer les nombreux avantages à le faire.

« Dans le contexte d’une nouvelle offre d’emploi, on doit toujours négocier, c’est dans notre intérêt! », insiste-t-il. « La négociation est attendue de la part de l’employeur et une étude révèle même que 80 % des professionnels en recrutement estiment qu’un candidat qui négocie de manière professionnelle fait meilleure impression qu’un autre qui accepte une offre sans négocier », ajoute-t-il.

En plus d’enrichir notre vocabulaire de nouvelles expressions, comme la « MESORE » et le « prix de réserve », monsieur Hill a fait valoir son expertise des techniques de négociation en y allant de précieux conseils. Et si vous croyez que les gains potentiels d’une négociation de vos conditions d’emploi ne valent pas l’effort, faites vos calculs! Notre conférencier nous en a d’ailleurs fait une démonstration éloquente!

À retenir :

  • Négocier son salaire peut être un exercice stressant et, malgré la pénurie de main-d’œuvre, peu de gens osent aborder cette question avec leur employeur, souvent en raison de fausses conceptions.
  • Pour rendre cette démarche moins intimidante et pour qu’elles portent ses fruits, vous devez faire vos devoirs en vous armant de données pertinentes, en utilisant les bons critères pour vous comparer au marché, en adoptant une perspective de rémunération globale qui tient compte de composantes autres que le salaire, et en négociant, au besoin, vos conditions de manière professionnelle et réfléchie.
 

1. Salaire de base avant impôts et excluant les bonis, primes, heures supplémentaires rémunérées ou toute autre rémunération directe en espèces.

Photo de couverture par LinkedIn Sales Solutions via Unsplash.
 
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