Des serres chauffées par un centre de données : des résultats prometteurs

Cultiver des légumes à l’année au Québec, sans pour autant augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES), est un défi. À Baie-Comeau, producteurs et organismes locaux ont décidé de miser sur la récupération de la chaleur produite par un centre de données pour chauffer une serre. Les résultats des premières modélisations effectuées par une équipe de recherche de l’École de technologie supérieure (ÉTS) sont prometteurs.

La Société d’aide au développement de la collectivité (SADC) Manicouagan cherchait un moyen de valoriser la chaleur d’un centre de données établi sur son territoire. C’est lors d’une rencontre organisée par le Réseau québécois sur l’énergie intelligente en juillet 2020, à laquelle prenait aussi part IVÉO, un organisme qui accompagne les villes du Québec dans le déploiement de projets liés au développement durable et à la transition énergétique, qu’elle a présenté son projet à l’équipe de chercheurs de l’ÉTS. 

 « Nous nous sommes penchés sur deux scénarios lors des analyses préliminaires sur lesquelles nous avons travaillé », explique Danielle Monfet, professeure au Département de génie de la construction de l’ÉTS et chercheuse en science du bâtiment. Danielle Monfet et ses collègues Didier Haillot et Timothé Lalonde ont modélisé deux serres : la première, chauffée à l’aide d’un aérotherme au propane, qui est le système le plus utilisé dans les serres de la région, et la deuxième, chauffée par la chaleur récupérée du centre de données. 

La consommation énergétique et les GES émis ont ensuite été modélisés pour chacune des serres. L’équipe a pris en considération les possibles délestages auxquels peut être contraint le centre de données et qui obligeraient la serre à utiliser du propane. Malgré cette éventualité, l’étude conclut que « le système de récupération de chaleur permet de réduire de 66 % la consommation énergétique et, prenant en compte les faibles émissions de GES de l’électricité produite en contexte québécois, de 91 % les émissions de GES associées à l’exploitation de la serre ». 

Les prochaines étapes

Avec ces analyses préliminaires plus qu’encourageantes, l’équipe élargie, qui inclut la Municipalité et le centre de données, est en train d’évaluer les différentes options de financement pour un projet pilote « qui nous permettra de vérifier les résultats des modélisations et, évidemment, de démontrer que ça fonctionne », poursuit Danielle Monfet.

D’autres analyses doivent également être menées afin de regarder le cycle de vie de la serre dans son entièreté. « En hiver, même si la serre est chauffée, la luminosité demeure un enjeu. C’est un facteur déterminant pour la croissance des végétaux », précise Danielle Monfet. L’impact énergétique lié à l’utilisation d’un éclairage artificiel doit donc être considéré.

Les chercheurs et chercheuses recommandent également qu’une analyse complète du cycle de vie du bâtiment, qui se penche sur la complexité des équipements requis, soit faite. « Il ne faut pas uniquement considérer les gaz à effet de serre liés à l’opération des systèmes de récupération de chaleur. On doit également considérer ceux produits pour la construction du bâtiment et pour le fonctionnement de la serre dans son entier », estime la chercheuse. 

Pour lire l’étude, consultez ce lien

 

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