Lutter contre le sexisme et le harcèlement sexuel

Gagnante catégorie Engagement
Concours IMDD 2016

Kimberley Marin est une jeune femme de la génération montante habitée par le désir de changer les perceptions et les comportements dans les écoles de génie et les milieux à prédominance masculine. Étudiante à la maîtrise à l'École de technologie supérieure (ÉTS), elle a entre autres fondé la Coalition des étudiantes canadiennes contre les violences sexuelles, qui trouve écho jusqu'en Colombie-Britannique, en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Fonceuse, elle s'engage dans son milieu pour changer les choses en élevant sa voix afin de lutter contre le sexisme et le harcèlement sexuel.

DÉCRIVEZ LA CAUSE DANS LAQUELLE VOUS ÊTES ENGAGÉE
Étudiante dans un milieu à prédominance masculine, j'ai été témoin de propos et de comportements masculins qui créent des milieux d'apprentissage défavorables pour les femmes. Devant ce constat, j'ai décidé de lutter, à ma façon, contre les violences sexuelles dont des étudiantes sont victimes. Mon intention est d'ouvrir le dialogue afin de contribuer à changer les mentalités. Ainsi, toutes les femmes, particulièrement celles qui évoluent dans les environnements majoritairement masculins, seront respectées et se retrouveront dans des environnements exempts de harcèlement et de discrimination.

Concrètement, je souhaite voir l'ÉTS, qui figure parmi les cinq plus grandes facultés de génie du Canada, devenir pionnière en matière de sensibilisation en s'engageant dans des actions concrètes en collaboration avec le personnel enseignant et les étudiants. Il y a fort à faire sur le plan de la prévention et j'aimerais que mon engagement puisse faire changer les mentalités pour de bon!

POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI DE VOUS ENGAGER?
Le point de départ de mon engagement coïncide, malheureusement, avec des expériences personnelles inconfortables dans mon milieu, allant même jusqu'à des agressions. À partir de là, j'ai décidé de solliciter les femmes autour de moi et j'ai constaté que plusieurs avaient vécu des agressions, mais n'osaient pas à en parler, de peur d'être pointées du doigt ou ostracisées. J'ai documenté plus de 35 témoignages d'étudiantes dans un rapport que j'ai remis à la direction de mon école. Cela m'a permis de ramener à l'ordre du jour ce sujet délicat, qui a par ailleurs trouvé écho dans les médias. C'est important pour moi de parler publiquement de ce sujet tabou en dénonçant les abus et en proposant des solutions. Les universités et même les entreprises doivent être proactives en développant des mécanismes et des processus qui vont procurer des environnements de travail et des apprentissages plus sains. J'ai choisi de m'engager parce que je crois qu'un environnement exempt de violence n'est pas un privilège, mais un droit!

QU'AVEZ-VOUS RETENU DES DÉFIS QUE VOUS AVEZ AFFRONTÉS?
Dans mes démarches, j'ai observé que la plupart des jeunes femmes qui ont vécu des agressions ne les dénoncent pas. D'ailleurs, l'ÉTS, fondée il y a plus de 40 ans, n'avait avant moi, reçu aucune plainte pour harcèlement sexuel! En y interviewant des dizaines de jeunes femmes et d'hommes, j'ai constaté que la plupart ne connaissaient pas la signification de sexisme, de féminisme, de harcèlement ou d'agression sexuelle. Cela démontre toute l'importance que les institutions doivent accorder à la sensibilisation.

QUELS SONT LES IMPACTS DE VOS ACTIONS SUR LES COMMUNAUTÉS AUPRÈS DESQUELLES VOUS ÊTES ENGAGÉE? J'espère que les prochaines étudiantes de l'ÉTS, et de l'ensemble des facultés de génie, pourront apprendre dans des milieux où étudiants et enseignants seront sensibilisés aux paroles, aux actes et aux gestes sexistes ou harcelants pour qu'on développe et qu’on en arrive à la tolérance zéro. Plusieurs jeunes hommes avec lesquels j'étudie m'ont abordée pour me dire qu'ils étaient désormais davantage sensibilisés à cette réalité et qu'ils agiraient avec plus de diligence s'ils étaient témoins de sexisme ou de harcèlement. J'avoue que cela me rend particulièrement fière parce que c'est la transformation que je veux voir autour de moi! Je vais quitter l'ÉTS, mais les jeunes femmes, elles, vont continuer d'y affluer, et de plus en plus. Mes actions ont contribué à ouvrir le dialogue, et ça, c'est déjà beaucoup.

QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE INSPIRATION?
Les étudiantes défuntes et les survivantes de l'École polytechnique victimes des événements du 6 décembre 1989. J'étais trop jeune à l'époque pour en comprendre l'ampleur, mais je crois qu'on ne devra jamais oublier cet événement. Aujourd'hui encore, il y a des agressions et du sexisme tous les jours autour de nous, et il faut en parler, car la lutte n'est pas finie.

Je suis aussi inspirée par ma directrice de programme, Sylvie Nadeau, professeure titulaire à l'ÉTS, une des rares femmes à la tête d'un département de l'ÉTS.

QUEL EST VOTRE MESSAGE POUR INSPIRER VOS PAIRS À S'ENGAGER EUX AUSSI?
C'est très stimulant de s'engager. Cela nous permet de rencontrer des personnes avec les mêmes valeurs et objectifs, puis on se sent utile parce qu'on a un impact sur notre environnement. Des étudiantes m'ont contactée pour me remercier de parler en leur nom, j'ai aussi reçu des messages de professionnelles qui évoluent dans différents milieux. Sans oublier des papas de filles qui étudient à l'ÉTS. Ces témoignages ont renforcé mon estime personnelle et je me suis sentie utile à la société pour faire changer les choses. Ça, c'est inestimable comme sentiment!

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