Gestion des eaux pluviales : gérer la goutte dès qu’elle tombe!

Les faits saillants

  1. Il existe quatre critères de conception à respecter au Québec, en matière de gestion des eaux pluviales.
  2. L’une des meilleures pratiques consiste à prévoir une gestion des eaux pluviales à l’échelle du lot, soit à partir du terrain où se trouve le bâtiment à ériger.
  3. Le double drainage est un modèle de gestion qui permet à un nouveau lotissement de résister à un événement d’une période de retour de 100 ans.

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Les dernières années ont montré que l’occurrence de pluies extrêmes provoquant des inondations et des refoulements d’égouts est plus fréquente, et l’effet anticipé des changements climatiques accentuera ce phénomène. D’ailleurs, le guide de gestion des eaux pluviales recommande l’usage d’une majoration de 18 % des intensités de pluie aux fins de modélisation lorsque vient de temps de concevoir des infrastructures en gestion des eaux pluviales.

La formation « Gestion des eaux pluviales » vise précisément à mieux vous outiller pour faire face aux défis que posent ces bouleversements climatiques, afin d’éviter les risques qu’ils représentent pour les municipalités et leurs populations.

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La pratique de la gestion des eaux pluviales a grandement évolué au cours des dernières décennies. De fait, dans les années 80, les préoccupations étaient essentiellement axées sur le contrôle quantitatif des eaux de ruissellement vers les milieux récepteurs que sont les ruisseaux ou les rivières, avec pour effet d'accélérer leur dégradation par l’érosion.

« Ce n’est qu’à partir de 2012 que la gestion des eaux pluviales est devenue une priorité au Québec… soit près de 30 ans après l’Ontario. »

Pourquoi ce retard sur la province voisine? Parce que la priorité des municipalités québécoises et du ministère de l’Environnement au cours de cette période était axée sur la gestion des eaux usées. L’absence d’usines d’épuration et de rejet des eaux usées non traitées vers les milieux récepteurs justifiait cette priorisation.

Quatre grands critères de conception

En publiant le Guide québécois de la gestion des eaux pluviales en 2012, le gouvernement du Québec a rectifié le tir en établissant quatre critères de gestion que les projets d’aménagement du territoire doivent désormais respecter, pour optimiser la gestion des eaux pluviales, soit :

  1. le contrôle quantitatif;
  2. le contrôle qualitatif;
  3. le contrôle pour minimiser l’érosion des cours d’eau;
  4. le contrôle de la recharge de la nappe phréatique pour protéger les eaux souterraines et le maintien des débits d’étiages.

« Depuis, la conception des nouveaux développements urbains – tant industriels, et commerciaux que résidentiels – doit prévoir un système de gestion des eaux pluviales. » 

Les caractéristiques de ce système dépendent de la superficie du projet à réaliser, de son imperméabilisation, du taux de relâche des eaux pluviales à utiliser, de la majoration de l’effet anticipé des changements climatiques, de la capacité du milieu récepteur à accueillir le nouveau projet, ainsi que du mode de gestion (bassin, noues, chambres souterraines, etc.), pour n’en nommer que quelques-uns.

Idéalement, il faut prévoir une gestion des eaux pluviales à l’échelle du lot, c’est-à-dire directement à partir du terrain où se trouve le bâtiment à ériger, pour éviter au maximum que l’eau doive ruisseler dans de plus grosses conduites.

En résumé, les meilleures pratiques de gestion des eaux pluviales tendront à « gérer la goutte d’eau dès qu’elle tombe »!

Choisir les bons modèles de gestion

Différents logiciels de modélisation permettent d’optimiser la gestion des eaux pluviales en fonction des différents paramètres propres au type et aux caractéristiques du lotissement de même qu’aux projets à analyser.

L’un d’eux est particulièrement approprié, soit celui de la modélisation en double drainage.

« Le concept de double drainage permet à un nouveau lotissement de résister à un événement d’une période de retour de 100 ans, sans devoir construire des infrastructures de réseau pluvial de grands diamètres. » 

Le réseau peut ainsi être construit de façon à ce que des régulateurs dans les puisards empêchent la capture excédentaire des eaux pluviales vers le réseau – par exemple lors d’une pluie torrentielle –, en minimisant la capture vers le réseau pluvial projeté et en déviant le surplus non capturé par les puisards en surface par des corridors conçus à cet effet.

La modélisation permet d’évaluer les risques selon les données reposant sur des pluies réelles, des pluies de conception ainsi que des pluies historiques, et d’adopter les pratiques de gestion optimale appropriées.

 

À propos du formateur

Marcel Roy est un ingénieur civil possédant 40 années d’expérience dans le domaine du génie municipal. Il a œuvré dans les secteurs public et privé, notamment à titre de directeur des opérations de terrain à la Ville de Gatineau. Après avoir participé et coordonné plusieurs projets de réhabilitation et de modernisation de réseaux d’égouts municipaux notamment en gestion des eaux pluviales, M. Roy a joint les rangs de l’équipe JFSA Ressources hydriques et environnement

 

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