4e révolution industrielle : les défis qui attendent les ingénieurs

La 4e révolution industrielle, qui combine numérisation, impression 3D, internet des objets et Big Data, est en marche et va provoquer de profonds bouleversements tant dans les échanges économiques que sur le marché du travail. Mais quelles conséquences entraînera l'émergence de l'industrie 4.0 pour les ingénieurs? Quels défis devront-ils relever?

Adapter les outils de production : une nécessité

La 4e révolution industrielle redéfinit complètement l'organisation des usines : dans les usines dites « intelligentes » (smart factories), la production se veut plus flexible et les ressources optimisées dans l'objectif d'améliorer la compétitivité et de mieux servir les clients. Comme le disait Stéphane Marchand, rédacteur en chef du Paris Tech Review, invité à prononcer une conférence sur l'avenir des métiers du génie en novembre 2016, l'ingénieur de demain est appelé à se métamorphoser. Ce faisant, la réorganisation du travail a un impact direct sur le rôle des ingénieurs qui doivent développer et améliorer les connexions entre les équipements et les systèmes de production afin d'assurer les échanges continus et instantanés d'informations entre les outils et postes de travail intégrés dans les chaînes de fabrication et d'approvisionnement. Avec l'industrie 4.0, les ingénieurs sont également appelés à créer des outils visant à maximiser la compétitivité : ils élaborent par exemple des logiciels permettant d'organiser la production en fonction du coût et de la disponibilité de l'énergie, contribuant ainsi à optimiser l'efficacité énergétique et à réduire les coûts de production.

Développer des logiciels agiles pour mieux s'adapter

Si la 4e révolution industrielle passe par la réorganisation des entreprises, elle s'accompagne également de la mise en place de programmes informatiques adaptés. À l'heure où les technologies évoluent à une vitesse exponentielle, les ingénieurs ont pour tâche principale de concevoir des logiciels agiles et évolutifs permettant aux entreprises de s'adapter facilement et en temps réel au marché. Et le défi est de taille : il faut gérer les « données intelligentes » (Smart Data), c'est-à-dire récupérer la bonne donnée, la transformer et l'utiliser afin d'optimiser les procédés de fabrication. S'ajoute à cela une autre difficulté : le travail des ingénieurs doit se faire sans stopper ni retarder la chaîne de production. Sans oublier que la 4e révolution industrielle implique également l'arrivée en masse des robots. Et si les ingénieurs sont amenés à en concevoir de plus en plus, ils doivent également les faire évoluer et mettre au point une nouvelle génération de robots capables de réparer d'autres machines de manière autonome.

Combiner souplesse et sécurité : une tâche délicate

La manière de travailler est totalement remise en cause : à l'heure de l'industrie 4.0, on se focalise sur les résultats quitte à revoir les règles d'organisation. En un mot, on s'adapte aux changements plutôt que de suivre une procédure figée pour optimiser les processus manufacturiers, s'adapter en temps réel aux demandes des clients et offrir des produits et services personnalisés. Le travail des ingénieurs se fait en équipe : on encourage la dimension collaborative entre les différentes fonctions, la participation, les idées, la créativité et l'esprit critique de chacun, et l'ouverture d'esprit pour pouvoir envisager tout changement nécessaire. Avec la 4e révolution industrielle, les ingénieurs doivent également gérer un paradoxe de taille : concevoir des technologies plus ouvertes, plus agiles, mais qui soient le plus sécurisées possible. Car les failles de sécurité, conséquences du lancement constant de nouvelles technologies, arrivent malheureusement plus vite que les solutions de sécurité. Autrement dit, les ingénieurs doivent sécuriser les systèmes autant que possible et les doter de services de surveillance, pour éviter les piratages qui peuvent créer de graves dysfonctionnements. Il est également de leur ressort de mettre en place des plans d'urgence et de secours afin d'éviter l'arrêt des chaînes de production en cas de piratage malgré tout réussi. La 4e révolution industrielle remet totalement en cause le fonctionnement des marchés et l'organisation du travail. Et aujourd'hui, le défi majeur des ingénieurs et des entreprises est d'être capable d'assouplir leur organisation afin de s'adapter à la nouvelle donne pour être à l'avant-garde des technologies de rupture et rester compétitifs dans l'économie mondiale.


Références :
Michael Gregoire, Les Echos, 4e révolution industrielle : les entreprises seront agiles ou ne seront pas, février 2016 Pierre Thouverez, Techniques de l'ngénieur, L'usine 4.0, c'est quoi?, octobre 2016  
Samir Boukharta, La 4e révolution industrielle - Pourquoi la Cyber Sécurité ne peut pas attendre!, septembre 2016  

Revenir au dossier [RDG] Génie 4.0 : 4e révolution industrielle

Abonnez-vous à nos infolettres pour ne rien manquer