Quand le génie s’allie aux arts

Souvent opposés, les arts et le génie peuvent bel et bien être des alliés. L’ingénieur en mécanique et fondateur du CollectivLab, David Barabé, nous explique sa vision de ce mariage fécond. 

Pour David Barabé, ingénieur en mécanique et inventeur, concevoir des objets et des structures pour le cirque, le théâtre et la scène implique une liberté de création qui ne trouve pas d’équivalent. Ainsi, les arts confèrent une dimension de liberté et de fun à l’aspect plus rationnel des métiers du génie.

Les expertes et experts en génie doivent avant tout comprendre l’intention artistique derrière une idée de structure, d’appareil acrobatique ou de spectacle afin de la concrétiser à l’aide de techniques de fabrication et de matériaux adéquats.

En d’autres termes, il s’agit de donner des propriétés physiques structurelles à une forme pour la rendre fonctionnelle. « Par exemple, réaliser une valve permettant d’injecter de l’air et de propulser une personne sur un pogo stick, sans lui casser les jambes », illustre David Barabé, qui a lui-même conçu un bâton sauteur à air comprimé lorsqu’il était étudiant.

Record Guinness du plus haut saut en pogo stick, David Barabé, Université de Sherbrooke, 2008.

L’aspect sécuritaire est en effet primordial dans la rencontre entre le génie et les arts du cirque, notamment. « Le rôle de l’ingénieur est de respecter les normes précises qui régulent les appareils et de calculer rigoureusement les forces, souligne-t-il. Rien ne se fait au hasard. »

Des projets insolites

Cette rencontre entre les arts et le génie est bien souvent créatrice de projets aussi insolites qu’innovants. Elle est centrale dans la démarche professionnelle de David Barabé, qui mentionne une installation réalisée avec Dix au carré – sa première entreprise – nommée le Piano Picasso. L’instrument est en effet capable de peindre à mesure qu’il produit de la musique.

Jean Dubois, artiste et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal, réalise également des œuvres qui mêlent arts et génie. Le Circuit de Bachelard, mis sur pied avec Ghyslain Gagnon, professeur au Département de génie électrique de l’École de technologie supérieure (ÉTS), est une installation publique interactive composée d’éléments lumineux électrotechniques qui s’accélèrent lorsqu’une personne qui l’emprunte souffle dans un micro.

Partager les ressources

Pour que des projets puissent naître, David Barabé a fondé à Montréal en 2017 le CollectivLab, un espace de 7000 pieds carrés voué à la rencontre entre esprits créateurs, concepteurs et conceptrices et entrepreneurs et entrepreneuses. Les membres partagent des services et peuvent utiliser les machines et ressources à leur disposition sur place, selon des principes proches de ceux de l’économie circulaire et du do it yourself, chers à David Barabé.

L’idée a germé lors d’un cours en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke et n’a cessé de grandir depuis. « Je voulais créer un endroit où s’appliqueraient véritablement les concepts de transparence et de communication, raconte-t-il. Les personnes qui passent par le CollectivLab sont toutes réunies par le même état d’esprit. »

KinderStep, premier prototype - CollectivLab, David Barabé.

Des projets conçus grâce au CollectivLab ont donné lieu déjà à l’écriture de belles histoires. Le KinderStep, petit marchepied pivotant qui permet aux enfants d’accéder à un lavabo – par exemple – a remporté un prix de design international Red Dot. Nomad Bloc, un mur d’escalade mobile installé à divers endroits à Montréal, est un autre exemple de réussite.

D'autres projets encore

Murale interactive au zoo de Saint -Félicien. Projet en collaboration avec XYZ - CoolectivLab, David Barabé.

Dôme conçu et réalisé pour le Centre Canadien d'Architecture, CollectivLab, David Barabé — en exposition.

 

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