Prévoir et savoir gérer les risques psychosociaux : mieux vaut prévenir que guérir
Sanctionnée en octobre 2021, la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail reconnaît l’existence de risques psychosociaux dans les milieux professionnels. Ces risques, qui peuvent affecter grandement la santé mentale et physique des membres du personnel, doivent désormais être considérés et encadrés. Pour ce faire, une démarche en six étapes est proposée aux organisations pour en minimiser les impacts.
Les risques psychosociaux sont divers, parfois abstraits pour les gestionnaires et peu définis par la loi, relève Andréanne Degrâce, consultante en santé et sécurité du travail et coach d’affaires chez Everesst. « Quand on dispose de peu d’informations, ça peut être difficile de s’y retrouver au départ », souligne-t-elle.
Andréanne Degrâce définit les risques psychosociaux comme tous les facteurs qui mènent à du stress ou à de la détresse chez un travailleur ou une travailleuse et qui peuvent, s’ils ne sont pas éliminés, mener entre autres à un épuisement professionnel.
Ces risques incluent notamment la charge de travail, les relations interpersonnelles, les pratiques de gestion, l’organisation du travail, l’insécurité en emploi, le manque de reconnaissance d’information et de communication.
« Un risque peut résider par exemple dans le comportement d’une personne à l’endroit de ses collègues, illustre Andréanne Degrâce. Ça peut être des non-dits, des subtilités. »
Une démarche en six étapes
Pour se conformer à la loi et offrir à leur personnel un milieu de travail plus sain, les organisations peuvent entamer une démarche de prévention et de gestion des risques psychosociaux.
1. Analyse des tendances et positionnement des besoins organisationnels
C’est au cours de cette étape que sera dressé un portrait détaillé de l’entreprise, notamment sa structure hiérarchique, le profil démographique du personnel et les pratiques organisationnelles officielles et officieuses.
Documenter les situations conflictuelles ou problématiques et les incidents passés permet aussi d’établir quels secteurs sont les plus à risque et à surveiller, soutient Andréanne Degrâce.
2. Leadership fort et engagé
« C’est de se demander si on est prêt à prendre en charge les risques et d’entamer une prise de conscience au sein de toute l’équipe à propos des risques psychosociaux », indique Andréanne Degrâce. Une étape qui se traduit notamment par des activités de communication, de sensibilisation et de formation.
3. Planification de l’analyse des risques psychosociaux
Selon Andréanne Degrâce, cette étape est la plus sous-estimée et pourtant la plus cruciale. « C’est là qu’on détermine le plan de match, dit-elle. On identifie quels sont les risques actuels et potentiels et comment on voudra les éliminer. »
C’est aussi à cette étape qu’il faudra solliciter la participation des membres du personnel ayant le plus de qualification, en s’assurant qu’ils et elles ne sont pas eux-mêmes et elles-mêmes des facteurs de risque par leur comportement.
Si nécessaire, l’organisation peut être accompagnée dans son déroulement.
4. Mise en place d’un programme de prévention
À la suite de l’analyse, il est temps de mettre en pratique les mesures retenues pour limiter les risques psychosociaux.
« Pour que ce soit un succès, il faut s’assurer que toutes les personnes qui vont être impliquées ont la même interprétation et la même compréhension des risques et des correctifs à apporter », mentionne Andréanne Degrâce.
5. Évaluation de la performance
L’heure est maintenant au bilan. Est-ce que les mesures appliquées ont porté leurs fruits? Faut-il apporter des correctifs?
Pour répondre à ces questions, un audit peut s’avérer un choix judicieux, propose Andréanne Degrâce.
6. Gestion des plaintes et des accidents
Il s’agit de gérer les événements au fur et à mesure qu’ils se produisent et de les consigner. L’application du plan d’action est un exercice continu qui permet d’actualiser celui-ci en temps réel en fonction des risques identifiés en cours de route.
Pour en savoir plus sur la démarche de prévention et la gestion des risques psychosociaux et s’outiller en ce sens, Everesst offrira à ce sujet, le 31 janvier, une formation en ligne à l’intention des chargés et chargées de projet œuvrant en ingénierie, en gestion des opérations et en maintenance industrielle.