Americana 2017 - entrevue avec Jean Lacroix du Réseau Environnement

Sous le thème « De l'innovation à l'action », la 12e édition d'Americana se déroulait du 21 au 23 mars dernier. Organisé par le Réseau Environnement, le plus grand salon international environnemental multisectoriel en Amérique du Nord a permis de rassembler un nombre record de 12 000 participants venus échanger sur les dernières avancées technologiques, scientifiques, et commerciales. Au terme de cette édition, le RéseauIQ s'est entretenu avec Jean Lacroix, président-directeur général du Réseau Environnement.

Le Réseau Environnement représente plus de 2 700 membres, 350 entreprises, 250 municipalités, ainsi qu'une vingtaine d'organismes gouvernementaux et parapublics. Dans le contexte actuel, pouvez-vous nous parler de la valeur du « réseau »?

En tant que réseau, nous avons un rôle de moteur du changement dans un collectif aux fins de résultats. Avec les 5 secteurs que nous couvrons : eau, matières résiduelles, sols et eaux souterraines, changements climatiques, et biodiversité, nous rassemblons beaucoup de monde et d'expertises. Dans le contexte où chacun des membres est collé aux problématiques qui sont propres à son secteur, nous développons une fine connaissance des difficultés liées aux problèmes environnementaux et de la capacité à mettre les solutions en place. Le fait de se mettre en réseau nous permet de créer des communautés de pratique par secteur dans les municipalités et les entreprises pour essayer, ensemble, d'élever le niveau de compétences.

De nombreux ingénieurs étaient présents à la plus récente édition d'Americana en tant que participants, mais aussi en tant que conférenciers. Comment voyez-vous l'évolution de leur rôle dans la mise en place des changements et la conception de solutions pouvant répondre aux enjeux environnementaux actuels?

Pendant trop longtemps, nous avons travaillé selon le principe du « produit poussé vers le client », sans développer des réflexes « d'écoute du client ». Dans le contexte d'innovation de rupture, les ingénieurs doivent plus que jamais se mettre en position d'écoute. Le virage est tel, que les ingénieurs, mais aussi les autres corps de métier et les firmes doivent changer leurs modèles. À mon avis, il y a 4 aspects sur lesquels tous les acteurs du monde du génie doivent travailler :

  • L'innovation en gouvernance
  • L'innovation des modèles d'affaires
  • L'innovation technologique
  • L'innovation financière

Les entreprises font face à une concurrence internationale, et l'ingénieur au coeur de la situation se devra d'être plus ouvert sur la multidisciplinarité et les nouvelles tendances. Dans ce virage, nous devons faire place à la pratique en communauté et aux écosystèmes de conception intégrée, alliant les architectes, technologues, les clients, les concurrents, etc. Nous devons sortir du cadre de référence et des modèles existants, rompre avec nos réflexes de répétition. L'’apport des ingénieurs est fondamental pour tendre vers l'innovation, et la formation académique aura un grand virage à prendre pour former les ingénieurs de demain. La grande question qui se pose est de savoir comment constituer le profil de compétences des ingénieurs, pour arriver à bâtir une économie sobre en carbone. Pour y arriver, on doit sortir du cadre dans lequel on se trouve. Évidemment, ça demande une main-d'oeuvre qualifiée qui devra se distinguer… et qui va devoir s'appuyer sur une approche de design renouvelée, très différente de ce qu'on a pu connaître jusqu'à présent.

Le thème de cette 12e édition était « de l'innovation à l'action ». En tant que société, sommes-nous suffisamment « dans l'action » selon vous? Que pourrait-on faire en plus ou en mieux?

On n'est jamais trop dans l'action, et le grand défi, c'est de savoir concrétiser nos actions. Il faut que tous les joueurs se mettent ensemble pour amener cette innovation de rupture, notamment dans les grands groupes. Pour amener l'innovation à l'action, les modèles d'affaires doivent évoluer, tant au niveau de la recherche universitaire que des entreprises. On fait beaucoup de R et D au Québec, mais nous voyons peu de brevets, peu d'implantation, parce qu'il y a une rupture entre les deux mondes. À mon avis, le monde municipal, les industries et le gouvernement doivent s''unir et miser sur le concept du « travailler ensemble ».


Pour en savoir plus sur la dernière édition d'Americana, consultez le communiqué bilan de l'événement.

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