Stages en génie : une demande croissante dans un marché exigeant
La recherche de stagiaires est particulièrement intense dans les entreprises de génie. La dynamique du marché, conjuguée à une pénurie de main-d’œuvre, a entraîné une hausse de la demande pour l’embauche de stagiaires entre 2022 et 2023. Et les prévisions s’annoncent favorables pour les futurs diplômés dans l’année à venir.
En 2022, deux entreprises sur trois (64 %) ont eu recours à des stagiaires selon l’enquête 2023-2024 sur la Rémunération des professionnels en génie du Québec de Genium360. Parmi ces entreprises, 30 % ont embauché plus de stagiaires que l’année précédente. En moyenne, quatre stagiaires sont venus en renfort pour combler des besoins de main-d’œuvre.
En 2023, un nombre légèrement supérieur d’entreprises (66 %) prévoyaient d’embaucher des stagiaires. Plus du quart (27 %) ont entre 1 et 2 postes à combler, 21 % entre trois et neuf et 17 % en auraient 10 et plus.
Ces résultats ne surprennent pas Alain Tremblay, directeur général du Service des stages et du développement professionnel (SSDP) de l’Université de Sherbrooke. « Le marché est favorable pour les stagiaires en génie. Nos étudiants reçoivent entre 10 et 12 offres de stages, tous domaines du génie confondus », dit-il.
« On constate toutefois une fluctuation de la demande dans certaines spécialités, poursuit-il. L’offre de stage est en diminution en génie informatique, en génie robotique et en génie électrique. La baisse la plus importante est en génie informatique, où le ratio d’offres de stage d’été pour nos étudiants est passé de 25 pour 1 en 2022 à 4 pour 1 en 2024. C’est un secteur qui est actuellement sous pression. »
La course aux talents en devenir
Dans un marché serré, les entreprises doivent redoubler d'efforts pour attirer les talents en devenir. Horaires flexibles, télétravail, occasions de participer à des projets d’envergure, mentorat sont autant de moyens de convaincre les étudiants de rejoindre une entreprise en tant que stagiaire.
Les employeurs en dehors des grands centres peuvent rencontrer certaines difficultés supplémentaires pour recruter. La mobilité et la pénurie de logements sont devenues des freins à l’embauche. Pour pallier ces difficultés, des entreprises prennent les grands moyens. Certaines vont jusqu’à fournir un appartement et même l’accès à un véhicule pour inciter les stagiaires à se délocaliser, observe Alain Tremblay.
Au rang des bonnes nouvelles pour les employeurs, on note l'augmentation du bassin de stagiaires depuis la mise en place du programme de bourses Perspectives Québec à la session d’automne 2022. Ce programme vise à augmenter le nombre de diplômés dans des professions priorisées par le gouvernement de Québec. Alain Tremblay estime à 10 % environ l’augmentation de la clientèle étudiante des spécialités comme le génie du bâtiment, le génie chimique et le génie civil.
Expériences diversifiées recherchées
À l’Université de Sherbrooke, 60 % des stagiaires en génie sont embauchés par une PME. « Ils ont alors l’occasion de prendre en charge une gamme plus large de responsabilités, car les équipes sont souvent plus petites et les tâches sont moins spécialisées. Dans une grande entreprise, en raison de la taille et de la structure organisationnelle, ils seront assignés à des projets bien précis, comme le design d’une composante d’un produit, par exemple », explique Alain Tremblay.
Des stagiaires ont aussi l’occasion d’acquérir une expérience à l’international. « Des entreprises comme Tesla, Microsoft ou Google recrutent de nos étudiants à chaque session, souligne-t-il. Ils sont nombreux à vouloir travailler pour ces grandes sociétés mondiales, mais la compétition est forte. Ces entreprises vont recruter parmi ceux qui obtiennent les meilleurs résultats. »