5G : une technologie complexe aux multiples enjeux

Vitesse, agilité, relance économique, inclusion dans l’éducation, nombreuses et nouvelles applications : telles sont les quelques promesses de la 5G. Mais cette nouvelle technologie très complexe met en lumière des enjeux de sécurité et de développement durable.

Atout maître dans la construction et plusieurs autres secteurs de l’ingénierie, la 5G pose de grands enjeux. En effet, l’augmentation des données obtenues grâce aux capteurs installés sur les chantiers peut amener de sérieux problèmes de sécurité.

Et puisque ses multiples usages seront critiques (usine 4.0, ville intelligente, IoT, voiture autonome, etc.), les services qu’elle rendra possibles augmentent assurément le champ des risques. Des cybercriminels pourraient ainsi profiter de ce nouveau paradigme technologique afin de multiplier les attaques.

Brunilde Sanso, professeure au Département de génie électrique à Polytechnique Montréal, explique : « Il faut faire une distinction entre l’augmentation des données, les dispositifs et l’architecture 5G, souligne-t-elle. La 5G a été conçue pour avoir un réseau cœur complètement virtualisé, donc basé sur logiciels qui peuvent être placés dans différents centres de données. Une des vulnérabilités de la 5G vient de là, mais c’est aussi ce qui fait sa souplesse. Avec la 5G, on aura davantage de dispositifs connectés qui vont rendre les systèmes plus “intelligents”. Il y a donc potentiellement plus de risques que quelqu’un prenne le contrôle de ces dispositifs et crée des problèmes dans le réseau. »

Tout ça sans oublier que cette hausse du nombre de dispositifs vient nécessairement avec l’augmentation de la quantité de données personnelles ou sensibles en circulation, renchérit la professeure.

La question environnementale

La 5G pose également de sérieuses questions en matière de développement durable. En cause? L’augmentation de la consommation électrique causée par le déploiement de nouvelles antennes.

Selon Brunilde Sanso, « la consommation énergétique des réseaux augmentera, car même si l’efficacité par bit des antennes est meilleure que par le passé, il faudra plus d’antennes pour couvrir une ville. » Une analyse que fait également Ke Wu, professeur au département de génie électrique à Polytechnique Montréal : « La station de base de la 5G consomme moins de puissance par rapport aux générations précédentes, mais chaque station couvre une zone plus petite. Donc, la densité de stations de base est plus élevée. »

« Il y aura aussi une explosion des centres de données, ajoute Brunilde Sanso. D’une part à cause de l’architecture virtualisée du réseau cœur et d’autre part à cause de la quantité énorme de données qui vont être en circulation et qui devront être traitées pour contrôler des systèmes “intelligents” ou pour les nouvelles applications. »

C’est donc dire que l’efficacité écoénergétique doit être prise en considération quand on dessine ces nouveaux réseaux, insiste-t-elle. « Idéalement, ces centres de données devraient être aménagés dans des endroits comme le Québec, qui se démarque dans le domaine avec son énergie propre et son climat froid, mais il faut aussi tenir compte des contraintes de temps de réponse des applications. On parle alors du edge, des minicentres de données proches des usagers, qui doivent être conçus avec les principes de développement durable en tête. »

Alors que Montréal devrait recevoir 200 antennes 5G d’ici la fin de 2021, il faudra prendre du recul pour en analyser toutes les retombées.

 

Photo de couverture: iStock

Abonnez-vous à nos infolettres pour ne rien manquer