Repenser le ski de façon durable : la mission de Jonathan Audet

Fondée par trois étudiants en génie alors qu’ils étaient toujours au baccalauréat, la start-up québécoise Ferreol prend rapidement du galon dans l’industrie. À la barre, Jonathan Audet et ses associés se positionnent en tant que pionniers dans la fabrication de skis durables. Portrait d’un étudiant-entrepreneur qui n’a pas froid aux yeux, surtout quand il y a de la neige.

« Tout cela a démarré parce que cela faisait huit ans que je travaillais dans le secteur du ski, et que j’avais pu cibler les angles morts de l’industrie », raconte Jonathan Audet par vidéoconférence. 

Passionné de sport, il travaille pendant des années dans un magasin de skis, avant de commencer ses études en génie à l’Université Laval. Dès la deuxième année du baccalauréat, il partage ses idées avec deux autres étudiants, qui veulent aussi lancer leur propre entreprise, Étienne Boucher et Félix Lapointe. 

« Avant même de se connaître, Étienne s’était fabriqué une propre presse à ski dans le garage de ses parents, Félix s’était fait son propre remonte-pente pour faire du ski en arrière de chez lui, et moi, j’avais fait un canon à neige avec mon frère! » s’exclame Jonathan Audet. 

Sur le mur de son bureau sont exposés les skis haut de gamme conçus par Ferreol. « La majorité des skis sont conçus pour les Alpes ou les Rocheuses, tandis qu’ici, les montagnes sont plus petites. On a de la neige mouillée, compactée par le vent, observe Jonathan Audet. Cela nécessite des skis qui sont beaucoup plus agiles, joueurs et polyvalents pour bien se comporter dans toutes ses conditions. L’autre aspect, c’est que les gens étaient plus à la recherche de skis plus écoresponsables et l’industrie du ski faisait très peu d’efforts à ce niveau-là. »
 

Réduire l’empreinte du ski

Les trois associés remplacent ainsi la fibre de carbone ou de verre des skis par de nouveaux matériaux comme la fibre de lin. Le bois utilisé provient de sources locales. La colle époxy est biosourcée. Et l’équipe continue d’innover, en investissant leurs efforts dans la recherche.

« On veut travailler sur la première génération de skis qui vont être recyclables », révèle celui qui a remporté le prix Honoris Genius en entrepreneuriat de l’Ordre des ingénieurs du Québec en mai dernier. « Ça va être majeur en matière d’empreinte carbone. »

« Comme l’innovation est une part importante de notre plan d’affaires, on a rapidement mis sur pied des projets de recherche avec le milieu académique », poursuit celui qui a commencé une maîtrise en génie à l’Université de Sherbrooke. 

La start-up démarre d’ailleurs un projet de codéveloppement de trois ans en partenariat avec l’entreprise Rio Tinto et l’Université Sherbrooke. Le projet permettra notamment de financer les travaux de trois étudiants aux cycles supérieurs en génie, des stagiaires et deux professionnels de recherche. 

L’écosystème entourant une nouvelle entreprise est très important, insiste Jonathan Audet qui explique que, dès le début de leur projet, les jeunes entrepreneurs sont allés chercher des ressources, de l’accompagnement et des formations en entrepreneuriat. « Réaliser un projet d’affaires tout seul, c’est très difficile, prévient-il. Le nerf de la guerre, c’est d’avoir un réseau de contacts. »

Pour « redonner au suivant », lui et son collègue Félix Lapointe ont donné plusieurs conférences dans les écoles secondaires et les cégeps sur leur expérience entrepreneuriale « On a l’impression d’être en congé 365 jours par année! » conclut celui qui porte tour à tour les chapeaux d’étudiant, d’entrepreneur, de meneur de projets de recherche et, évidemment, de skieur. 

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