La ville intelligente ou l’impératif de moderniser la protection des données personnelles

La ville intelligente est un sujet chaud dans le monde municipal à l’heure actuelle. Celle-ci est dépendante des techniques d’intelligence artificielle, lesquelles sont souvent mises au point par des diplômés du génie. Dans cet article, découvrez les réflexions de trois experts dont deux compagnies fortement colorées par l’ingénierie :

  1. Sean Neely, CEO de Brainbox AI, une jeune pousse montréalaise automatisant la gestion des systèmes CVC
  2. Tara Pham, CEO de Numina, entreprise américaine fabriquant des capteurs intelligents pour les villes.
  3. Robert Beaudry, conseiller de la ville de Montréal et responsable du développement économique et commercial, de l'habitation ainsi que du design au comité exécutif.

Sur la photo : Tara Pham (au milieu), Sean Neely (tout à droite) et Robert Beaudry (entre les deux) avec 2 autres particpiants du Forum Économique International des Amériques (FEIA), à Toronto en septembre 2019.

Petite histoire de la ville intelligente

Le concept des « villes intelligentes » est né avec l’apparition de l’internet des objets et consiste en l’utilisation de divers capteurs et technologies connectées afin d’améliorer les services dispensés au citoyen. Sean Neely explique : « l’idée est vieille, mais c’est vraiment dans les années 2010 qu’on a vu apparaître les premiers systèmes de gestion de lumières de trafic intelligents. »

Aujourd’hui, son entreprise fournit une solution qui permet de complètement automatiser la gestion des systèmes CVC d’un bâtiment commercial grâce à une utilisation judicieuse de l’IA : « Le modèle prend 8 à 9 mois à s’entraîner et permet ensuite une réduction des coûts de l’ordre de 25 à 35 % ainsi qu’une réduction de l’empreinte carbone de 20 à 40 % : c’est écologique en plus d’être économique. »

Et le futur ? Définitivement dans la 5G, selon lui. D’ailleurs, Genium360 a organisé une visite à ce sujet en février 2019.

Des capteurs aux véhicules autonomes

Selon Tara Pham, les villes étaient « et sont encore conçues autour du décompte du volume de voitures. » C’est ainsi que son entreprise fournit des données agrégées permettant d’analyser le trafic, qu’il provienne de piétons, de vélos ou de véhicules, afin d’aider la planification des transports.

Aujourd’hui, d’autres types de capteurs permettent l’apparition de véhicules semi-autonomes. Celle-ci tient cependant à mettre un bémol sur la technologie : « Il faudrait 8 milliards de kilomètres conduits pour qu’un système voit toutes les situations possibles de la route dans lesquelles un être humain saurait, instinctivement, comment réagir. »

Un conducteur canadien moyen effectuant 15 000 kilomètres par an1, cela représente pas moins de… 540 000 conducteurs pendant un an!

De plus, cette technologie doit être utilisée avec soin par les géants du numérique afin de ne pas aggraver le trafic, mentionne Robert Beaudry : « Dans les grandes villes américaines, UBER contribue jusqu’à 13 % au trafic urbain. » C’est cette même compagnie qui investit massivement dans le développement de véhicules autonomes2.

La protection des données personnelles au cœur du changement

Tous les intervenants s’entendent pour dire que la protection des données personnelles est essentielle dans le processus. La CEO de Numina est particulièrement critique vis-à-vis des villes américaines à cet égard : « La logique actuelle est d’accumuler le plus de données possibles et de trouver dans un futur lointain comment les utiliser. C’est très dangereux qu’une ville devienne le prochain scandale Facebook des données personnelles. »

L’élu montréalais a une vision plus optimiste pour sa ville : « Montréal est la grappe la plus innovante du Canada, d’un point de vue de gestion des transports. C’est son âge d’or et c’est grâce à ces technologies. »

En effet, n’oublions pas la décision toute récente de la STM d’ouvrir, en novembre 2018, l’ensemble de ses données en temps réel aux développeurs informatiques3 ou encore le couronnement de Montréal comme lauréate de la compétition canadienne « Défi des villes intelligentes », d'Infrastructure Canada4.

Cet article est issu d’une série écrite suite au Forum Économique International des Amériques (FEIA), à Toronto en septembre 2019.

  1. Office de l'efficacité énergétique - Rapport d'étape de l'Enquête sur les véhicules au Canada, 2008
  2. [En Anglais] Uber’s Self-Driving Cars Are Valued at $7.25 Billion by Investors Image
  3. [En anglais] The STM opens its real-time data to developers
  4. Accélérer Montréal - La Ville de Montréal participe au 13e Toronto Global Forum

Photo par Pixabay via Pexels.

 

 

 

 

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