La toilette à compost : comment ça fonctionne?

Le 26 avril 2017 entrait en vigueur le décret 306-2017 modifiant le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2, r.22) et permettant du coup l’installation d’un cabinet à terreau à certaines conditions. Il est maintenant loisible à quiconque d’installer un cabinet à terreau pour le traitement des eaux usées sanitaires en respectant certaines conditions prescrites au règlement. En quoi consiste exactement le cabinet à terreau mieux connu sous le nom de toilette à compost ?

Comment fonctionne un cabinet à terreau ou toilette à compost ?

Le compostage est un procédé biochimique naturel permettant la décomposition de la matière organique par des microorganismes aérobies. Ces microorganismes utilisent l’oxygène contenu dans l’air pour dégrader les sources de carbone composant les déchets organiques pour les convertir en CO2, en eau et en énergie (chaleur). Il en résulte un résidu stable, minéralisé et débarrassé des organismes pathogènes – le terreau ou compost.

La toilette à compost utilise le même procédé dans un environnement contrôlé : la chambre à compost.

Les microorganismes retrouvés dans le composteur sont principalement des bactéries, actinomyces, champignons, organismes invertébrés (arthropodes) et diverses variétés de vers microbiens. Cette diversité de microorganismes ne se retrouvent évidemment pas dans la flore intestinale d’où l’obligation de faire un ensemencement manuel de cultures sélectionnées permettant au procédé de compostage de débuter.

Afin conserver la température optimale, une circulation d’air préchauffé est maintenue à travers les résidus en décomposition et permet d’alimenter en oxygène les microorganismes. Un dispositif de recirculation des liquides maintien le taux d’humidité adéquat dans le compost pour soutenir l’activité microbienne.

Un évent autonome, habituellement couplé à une turbine mécanique, permet d’évacuer les odeurs et gaz de digestion tout en amenant de l’air frais dans la chambre de compostage.

Quelles sont les technologies disponibles de la toilette à compost ?

Pour être installée au Québec, la toilette à compost doit nécessairement être certifiée par l’organisme américain NFS et conforme à la norme NSF/ANSI 41. Actuellement, seulement deux entreprises détiennent cette certification et chacune d’elles utilise un procédé différent pour la transformation des déjections en compost.

toilette à compost cabinet à terreau

* La technologie à 3 chambres (compostage, évaporation et tiroir de finition) développée par la compagnie Sun-Mar

La chambre de compostage utilise le principe du tambour rotatif. Appelé Bio-Drum, le culbutage manuel du tambour optimise le mélange et l’aération du compost tout en permettant de maintenir un taux d’humidité et une oxygénation uniforme. Le Bio-Drum permet d’évacuer l’excès d’humidité contenu dans le compost en drainant le liquide excédentaire vers une chambre d’évaporation.

La chambre d’évaporation comprend une large surface d’évaporation munie d’un élément chauffant à commande thermostatique. Cette surface chauffante favorise l’évaporation du surplus de liquide s’accumulant dans la chambre d’évaporation et la vapeur générée passe à travers le compost pour le maintenir humide.

Le tiroir de finition : il s’agit d’une chambre isolée, située à la base de l’unité, dans laquelle le compost tombe lorsque le Bio-Drum est tournée en sens inverse. Une fois dans le tiroir, le compost peut y rester afin de compléter le processus de compostage. Dans ce tiroir, le compost est soumis à un courant d’air qui permet un séchage graduel avant d’être retiré.

* Technologie à chambre inclinée de Clivus Maltrum (voir photo de l'article)

Ce design en pente permet la séparation des liquides provenant de l’urine des matières fécales. Lorsque l’urine percole par gravité à travers le compost vers le point bas de la chambre de compostage, l’activité bactérienne engendre une transformation biochimique de certains composants de l’urine (urée et ammoniac) en un liquide riche en nitrate et nitrite. Une partie de ce liquide est aspergé sur le compost pour maintenir un taux d’humidité adéquat au maintien de l’activité bactérienne. L’excès de lixiviat doit être évacué vers une fosse à vidange totale.

Cette séparation assure aussi que le compost ne soit pas saturé en liquide et permet de maintenir des conditions aérobies. Les microorganismes présents dans la chambre de compostage dégradent et convertissent la matière en un compost stable chimiquement et biologiquement.

Le procédé de compostage permet de réduire de plus de 90% le volume de déjections alimentées dans la chambre de compostage.

Ce cabinet à terreau est également équipé d’un système mécanique de ventilation permettant l’évacuation des gaz de digestion et de la vapeur d’eau tout en alimentant la chambre de compostage en air frais pour l’oxygénation du milieu.

Quelles utilisations peut-on faire de cette toilette à compost ?

La gestion du terreau obtenu d’une toilette à compost doit se faire en conformité à l’article 6 du Q-2, r.22 soit :

* Recyclé par épandage sur le sol en conformité avec le Guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes;

* Valorisé si la municipalité accepte les résidus de cabinets à terreau dans le bac de compostage;

* Éliminé via la collecte des ordures (site d’enfouissement sanitaire autorisé par la municipalité.

La dernière modification règlementaire du Q-2, r.22 ouvrira-t-elle d’avantage le marché de la toilette à compost au Québec? J’ose espérer que l’augmentation de la demande aura un effet bénéfique sur l’offre de prix car actuellement ce mode de gestion des eaux sanitaires demeure une option dispendieuse.


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