5 gaffes à éviter pour garder ses finances à flot

Par Adèle Manseau

Même si nous n’avons jamais navigué, nous savons qu’un radeau, une chaloupe et un traversier ont tous le même objectif : rester à flot et atteindre leur destination. Alors comment se donner un cap et le garder pour éviter de couler nos finances personnelles?

Nicolas Boivin, fiscaliste et professeur titulaire au Département des sciences comptables de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), a noté certains comportements à risque. Souvent, ils sont adoptés par méconnaissance des bonnes habitudes de consommation. Voici donc quelques comportements à éviter :

1. Ne pas faire de budget
« C’est l’équivalent de naviguer sans gouvernail », dit-il d’entrée de jeu. « On consomme sans aucun plan ni aucune balise, au gré des tentations. On peut couler le navire avec un comportement de ce type. »

Selon une étude faite par l’Association canadienne de la paie, 46 % des Canadiens font un budget, et 93 % d’entre eux le respectent. « Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Faire un budget, ça fonctionne! Il nous indique notre capacité de consommer, ce qui nous évite de confondre capacité de payer et occasions trop nombreuses d’emprunter. Ce n’est pas parce qu’on nous propose un financement que l’on peut s’offrir le produit. Il faut se fier à ce que nous dit notre budget », précise-t-il.

Avec ses 2 méthodes faciles à utiliser pour établir un budget, il défait le mythe selon lequel on doit être bon en maths pour y arriver.

Version normale
Addition et soustraction seulement sont requises, avec 2 colonnes : l’une pour les revenus du mois, l’autre pour les dépenses mensuelles prévues. Attention, toutes les dépenses de consommation sans exception doivent être listées pour savoir si les revenus suffisent à couvrir les dépenses.

Version allégée
Pour ceux qui n'aiment pas les chiffres. Chaque fin de mois, mettez tous les relevés de dettes de consommation (carte de crédit, marge de crédit, voiture, etc.) côte à côte sur le bureau. Prenez-les en photo. Un mois plus tard, répétez le même exercice. Si le solde des dettes augmente d’une photo à l’autre, la lumière rouge s’allume : les dépenses dépassent les revenus!

2. Se payer tout ce qu’on veut sans aucune contrainte
« C’est impossible, le bateau coulera à pic! Comme consommateur, il faut avoir des contraintes significatives, un peu douloureuses. Et encore plus pour des jeunes qui n’ont pas de richesse d’accumulée.

Sans se priver de tout, sentir des restrictions nous rappelle que nous maîtrisons nos finances et que nous ne cédons pas à toutes nos envies. À l’inverse, si l’on ne se prive jamais d’une consommation, cela démontre clairement qu’on consomme trop », souligne le fiscaliste.

Où réduire?

  • Transport : revoyez votre mode de déplacement, du plus économe au plus coûteux :
    • Privilégiez le transport en commun.
    • Envisagez l’achat d’une voiture d’occasion. Sinon, choisissez un modèle économique et durable, à prix raisonnable.
    • Évitez le pire : la location d’une auto neuve tous les 3 ans.
  • Vêtements : griffés... vraiment?

Leur première utilité, c’est de nous vêtir. Même si l’aspect social joue pour beaucoup, optez pour les vêtements les moins chers.

  • Restaurants, tabagisme, voyages...

Ne choisissez qu’une contrainte à la fois. Cela pour commencer augmentera vos chances de succès. Les résultats vous donneront le goût d’élargir la portée.

3. Acheter par carte de crédit
« La carte de crédit peut être une amie ou... une ennemie. Elle est à proscrire si l’on n’a pas la capacité de payer la totalité du solde à la réception du relevé. En payant uniquement le paiement minimal, n’oubliez pas que des frais d’intérêts s’ajouteront. Le piège se refermera alors sur vous, surtout si vous répétez le geste chaque mois », affirme M. Boivin.

Vous achetez en ligne? Alors, n’ayez qu’une carte, une seule, avec une limite de crédit très basse. Utilisez-la uniquement pour les achats qui l’exigent.

Un conseil : payer comptant évite de dépenser l’argent que l’on n’a pas, tout en prenant conscience de l’ampleur de notre consommation. Plus nous utilisons des modes de paiement électroniques et numérisés, plus nous perdons de vue la notion de l’argent et la valeur de la transaction.

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4. Magasiner des mensualités
Le paiement par mensualité est un autre piège à éviter. Le nombre d’offres de financement de ce type amène le consommateur à penser par mensualité en évacuant sa capacité de consommer.

Le professeur donne souvent l’exemple suivant : « Je pourrais vous vendre un avion à 300 $ par mois. Est-ce que vous avez pour autant les moyens de l’acheter? Non, mais il suffit que j’étire les mensualités. Pourtant, une mensualité basse ne veut pas dire qu’on achète un produit ou un service peu coûteux et qu’on a les moyens de se l’offrir. »

5. Ne pas penser au futur
Oui, profiter de la vie quand on est jeune, c’est important. Le « moi » d’aujourd’hui a soif de tout. Mais sait-il que le « moi » du futur vivra avec les conséquences, bonnes ou mauvaises, des décisions prises aujourd’hui? Notre vie est une succession de « moi » dont les besoins changent au fil du temps. Il est d’autant plus important de bien planifier pour se rendre à bon port.

Plus les finances sont serrées, plus ces conseils pèsent lourd dans la balance. La situation financière gagne en oxygène? La souplesse pourra s’y glisser. Cependant, ces notions doivent guider les différents « moi » qui se succéderont au cours d’une vie financière, car les saines habitudes de consommation éviteront l’utilisation de bouées de sauvetage.

Mes finances, mes choix : un programme d’éducation financière pour jeunes adultes
Afin de prendre des décisions éclairées et de faire de bons choix en tant que consommateur, Desjardins propose le programme Mes finances, mes choix. Ce programme permet aux jeunes de 16 à 25 ans de passer maîtres de leurs finances. Diffusés gratuitement par des partenaires neutres, plusieurs contenus s’intègrent au nouveau cours d’éducation financière. La formation peut aussi être suivie en milieu communautaire, dans certaines écoles professionnelles, des écoles aux adultes et des cégeps.

Prêt à passer à l’action pour améliorer vos finances personnelles? Relevez le défi #tellementadulte.

 

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