Gérer les défis du complexe La Romaine en mode solutions
D’ici l’automne 2021, Hydro-Québec aura parachevé les travaux de l’imposant complexe La Romaine sur la Haute-Côte-Nord. Un vaste projet hydro-électrique dont les multiples défis ont stimulé l’implantation de processus innovants et l’usage de nouvelles technologies pour sa réalisation.
Parmi ces technos ayant fait une grande différence, la modélisation 3D figure en tête de liste, signale Stéphane Jean, gérant de projets. « L’utilisation de plans 3D offre aujourd’hui la possibilité de mieux comprendre et saisir l’ampleur des travaux en quelques coups d’œil et surtout d’assurer une meilleure coordination entre les différentes disciplines. Cette technologie permet aussi de réduire les coûts de fabrication et d’assurer un meilleur respect des échéanciers », indique cet ingénieur mécanique de formation qui chapeaute les travaux de construction du complexe entamé en 2009. Ultimement, les quatre centrales du complexe La Romaine compteront 1550 mégawatts de puissance installée.
Le volet préfabrication a, lui aussi, joué un rôle significatif dans la conception de cette structure titanesque. « Plusieurs composantes critiques, notamment des bâches spirales, ont été conçues à l’extérieur des chantiers », explique Stéphane Jean. Même chose pour de nombreuses composantes en acier ayant servi à la construction des quatre centrales. « En fait, nous avons utilisé près de 20% de moins de béton que les autres centrales du réseau. Ce qui nous a permis de compléter la structure de chacune des centrales avant les mois d’hiver. Ce procédé a également permis de gagner deux à trois mois sur l’échéancier de construction de chacune des centrales. Lorsqu’on gère un chantier qui compte entre 1300 et 1700 employés, cette réduction de temps sur l’échéancier se traduit par d’importantes économies », soulève Stéphane Jean.
Des défis…et leurs solutions
Remarquez, les travaux du complexe ont commencé dans le secteur de La Romaine-2 et non de La Romaine-1. Pourquoi? « La Romaine-2 est la plus imposante des quatre centrales. Elle affiche une capacité de production de 640 mégawatts, soit plus de 40% de l’énergie qui sera générée par l’ensemble du complexe. C’est par elle que le projet devait commencer », indique l’ingénieur Stéphane Jean.
Compte tenu de l’absence de moraine dans les environs, l’aménagement du barrage de La Romaine-2 a incité l’équipe du chantier à se tourner vers un autre produit d’étanchéité : le noyau asphaltique. « C’est la première fois au monde qu’un barrage d’une telle dimension, muni de cinq digues, utilise ce procédé », souligne l’ingénieur.
La centrale de la Romaine-4, qui constitue la dernière étape du projet, a, elle aussi, hérité de son lot de défis. Devant composer avec une qualité de roche particulièrement friable dans ce secteur, l’équipe de Stéphane Jean a été dans l’obligation d’excaver plus de 150 000 mètres cubes additionnels de roc au site de la centrale. « Cette étape, dit Stéphane Jean, s’est révélée extrêmement difficile sur le plan technique. Les travaux entourant la construction de Romaine-4 ont aussi été marqués par un important virage SST au sein du chantier ainsi qu’à travers l’ensemble des activités d’Hydro-Québec. »
Rappelons que le complexe de La Romaine a été touché par quatre décès, le dernier étant survenu en décembre 2016. « Ces malheureux accidents, soulève Stéphane Jean, ont provoqué une importante prise de conscience au sein de la Société d’État. Hydro-Québec a non seulement décidé d'adopter une politique zéro accident grave, elle a décidé de devenir la référence SST dans l’industrie de la construction au Québec ».