Femmes en génie : susciter l’intérêt dès l’enfance grâce aux sciences
Collaborateur
- La Tournée Géniale, initiative du comité de Polytechnique Poly-FI, a rencontré plus de 7000 jeunes du primaire depuis sa création
- Les initiatives actuelles se concentrent principalement sur les filles du secondaire et cela se comprend, puisqu’au primaire les métiers scientifiques sont peu connus
- Le comité met de l’avant l’atteinte de la parité en sciences comme la meilleure solution pour faire face aux enjeux sociétaux à venir
Avec seulement 20.6% des personnes admises dans une faculté d’ingénierie canadienne qui étaient des femmes à la fin de l’année 2020, il ne fait aucun doute que la représentativité des genres dans le domaine demeure un défi des plus contemporains.
C’est d’ailleurs en réponse à cette statistique que Ingénieurs Canada a lancé l’initiative « 30 en 30 » dans les dernières années. Celle-ci concentre son action sur les études postsecondaires ainsi que le marché de l’emploi professionnel dans le but de rehausser le chiffre à 30% d’ici 2030. Cependant, se pourrait-il qu’une partie de la solution à cet enjeu systémique réside plutôt auprès de la jeunesse?
Genium360 a exploré la question avec le comité estudiantin Poly-FI (FI : Femmes Ingénieures) de Polytechnique Montréal, lequel rencontre chaque année plus d’un millier d’élèves du primaire afin de déconstruire les préjugés qui entourent la pratique du génie.
La Tournée Géniale, important vecteur de sensibilisation auprès des enfants
Comme l’explique Amani Cheriti, vice-présidente exécutive et étudiante en génie mécanique, la mission principale du comité est de « présenter l’ingénierie comme un milieu accessible grâce à des conférences, du mentorat, des visites industrielles, du réseautage et le volet jeunesse ».
Jeanne Marchand, présidente du comité et étudiante en génie chimique, renchérit : « Ce volet est connu dans le milieu comme la Tournée Géniale et il vise à déclencher l’étincelle chez les jeunes. En effet, on veut que les garçons et les filles sachent qu’une ingénieure, ça peut faire des bonbons et du yaourt, pas juste des ponts! ».
C’est d’ailleurs cette tournée qui a motivé les deux futures ingénieures à s’impliquer bénévolement dans le comité, parallèlement à leurs études. L’impact depuis le début de la tournée? Plus de 7000 jeunes auraient été rencontrés grâce à ces visites dans des classes de la troisième à la sixième année du primaire.
Une des rares initiatives qui rejoint les filles et garçons de l’école primaire
Lorsque questionnées sur l’origine de cette idée, les 2 étudiantes sont unanimes : il y a un déficit au primaire dans les activités de sensibilisation. Amani précise : « Par exemple, “GÉNIales, les filles” et “Les filles et les sciences, un duo électrisant” sont deux initiatives concentrées sur les adolescentes du secondaire qui n’ont que très peu de présence au primaire ».
Jeanne ajoute qu’au fil de leurs tournées elles se sont rendu compte que « les jeunes connaissaient principalement les métiers du domaine public, comme policière ou médecin. Les métiers scientifiques, eux, étaient souvent mal compris, voire méconnus ». C’est donc en présentant des modèles féminins dans ces métiers auxquels les enfants ont été peu exposés que ceux-ci développeront l’intérêt pour une carrière en ingénierie.
L’apport indéniable des femmes aux défis sociétaux des sciences naturelles
Pourquoi est-ce que les 2 étudiantes considèrent-elles que l’augmentation de la représentation féminine en sciences est une priorité? « Parce que les femmes amènent une perspective nouvelle, notamment sur des enjeux sociétaux comme les changements climatiques », nous explique Jeanne, présidente du comité.
La vice-présidente Amani complète : « On le vit à Polytechnique puisqu’en génie biomédical et chimique, deux domaines avec une grande concentration de spécialistes qui travaillent sur ces enjeux, la parité hommes-femmes a déjà été atteinte dans les inscriptions, si elle n’est pas dépassée ».
L’Organisation des Nations unies rédige d’ailleurs fréquemment des articles et pages informatives qui reprennent cet argument. Un exemple de l’apport fait par les femmes aux sciences biomédicales inclurait, comme le site web Today’s Parent le recensait, « un accessoire pour téléphone portable qui permet aux parents de diagnostiquer les otites [...] ». Une contribution remarquable qui ne fera qu’augmenter dans les années à venir.