Travailler avec un robot en toute sécurité

Bien implantée dans le contexte de l’industrie 4.0, la robotique collaborative, aussi appelée « cobotique », a le potentiel d’améliorer les processus et de stimuler l’innovation tout en facilitant le travail de la main-d’œuvre. Cette révolution technologique s’accompagne toutefois de plusieurs risques en lien avec la santé et la sécurité au travail, qu’il faut considérer avant tout.

La cobotique allie les facteurs humains à la biomécanique et à la robotique classique, résume Adel Badri, professeur au Département de génie industriel de l’UQTR. Ainsi, le meilleur de l’humain, par exemple sa capacité d’analyse, son regard critique, son adaptabilité et sa dextérité, est combiné à la précision et à la puissance de la machine – le cobot – pour relever des défis jusqu’alors inatteignables.

Un milieu plus sécuritaire…

L’avènement de la robotique collaborative a permis de sécuriser l’environnement et les pratiques de travail des travailleurs de plusieurs manières.

Adel Badri énumère quelques technologies qui ont contribué à rendre la présence des cobots plus sûre dans les installations. Il fait notamment référence à des capteurs et barrières de sécurité ainsi qu’à des systèmes de détection, qui aident les robots à être plus « conscients » de leur environnement physique et, donc, à réagir à des mouvements comme ceux d’un travailleur dans leur espace de travail.

En outre, « les cobots peuvent être équipés de systèmes d’alerte visuels ou sonores qui signalent aux travailleurs qu’ils accèdent à certaines zones. Ces alertes aident à avertir les travailleurs et les encouragent à respecter les consignes de distanciation, si possible », mentionne Adel Badri. Les robots peuvent aussi être intégrés à un système plus large et communiquer par eux-mêmes avec les autres équipements.

L’intelligence artificielle et l’apprentissage en continu sécurisent également certaines pratiques en usine. Bien formée, la main-d’œuvre peut interagir plus aisément avec les cobots grâce à des interfaces plus conviviales qui facilitent l’interaction et la programmation de la machine. Celle-ci, de son côté, peut mieux s’adapter aux changements et apprendre de nouvelles tâches de façon quasi autonome.

Évidemment, souligne Adel Badri, l’implantation de ces mesures est tributaire du portefeuille des organisations. « L’aspect budgétaire et la capacité des entreprises influencent beaucoup le niveau d’équipement de ces robots, puisque plusieurs de ces avancées technologiques sont offertes en options », dit-il.

… mais encore des risques à prévoir et à éviter

L’intégration des cobots en usine doit faire l’objet d’une attention constante de la part des ingénieurs, notamment en ce qui a trait à la gestion du risque, avance Adel Badri.

« C’est quelque chose qui doit être pris en compte, de la conception à l’utilisation, en passant par l’intégration, indique-t-il. En d’autres termes, les ingénieurs doivent situer les cobots dans leur milieu pour proposer une solution sécuritaire et robuste qui tient compte de la complémentarité entre les aspects organisationnels, technologiques et humains. »

En matière de santé et de sécurité au travail, d’autres risques en lien avec la cobotique peuvent être présents. Qu’il s’agisse d’effets ou d’interférences physiques entre l’humain et la machine, des problèmes de fonctionnement du robot ou même la compromission de la sécurité des données, rien ne doit être pris à la légère.

Ces problèmes peuvent être le fruit d’erreurs de conception, d’intégration ou de maintenance ou attribuables à des comportements humains, tels des erreurs, un manque de formation, une surcharge mentale ou du stress.

Enfin, il ne faut d’ailleurs pas minimiser les effets psychologiques liés au fait de travailler de concert avec un robot, rappelle Adel Badri. « Pour certaines personnes, il y a un stress de travailler avec une machine ou l’angoisse d’être remplacées par un robot qui apprend et accomplit leur tâche », résume-t-il.

« Ces contraintes psychologiques perdurent au-delà du milieu de travail, ajoute le chercheur. Le travailleur les ramène chez lui, et ça affecte son bien-être global. Il ne faut pas négliger cet aspect. »

 

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