Sophie Minyem : une étoile montante du génie québécois

En marge de la Journée internationale des femmes en génie (INWED) du 23 juin, célébrons le parcours empreint de persévérance de Sophie Minyem, récemment nommée vice-présidente du conseil d’administration de Genium360. Cette ingénieure est née au Cameroun connait une graduelle et brillante ascension dans l’industrie du génie québécois. Et ce, malgré quelques vents contraires...

Il était une fois une jeune Camerounaise qui était très bonne élève. Au secondaire, elle excellait en mathématiques et en sciences et rêvait d’une carrière en santé publique. Mais la vie en a décidé autrement. Elle résume aujourd’hui cette bifurcation en une formule accrocheuse. « Un jour, le Canada m’a choisie. »

Elle n’a que 18 ans quand, en effet, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) remarque ses résultats scolaires exceptionnels et l’invite à poursuivre ses études en génie électromécanique à l’Université de Moncton. C’est le début d’une belle histoire universitaire dans notre froid pays, passant par l’école Polytechnique de Montréal lors de la tragique année 1989, puis l’Université Laval (baccalauréat en génie électrique) et l’Université de Sherbrooke (maîtrise en gestion de l’ingénierie).

Aujourd’hui, Sophie Minyem occupe un poste stratégique à Loto-Québec : cheffe d’équipe et ingénieure senior en conformité. Elle détaille : « Je supervise l’équipe d’ingénieurs qui évaluent l’intégrité et la conformité des systèmes de jeu en ligne, et qui veillent au respect des lois et des normes dans les machines à sous, garantissant l’aléatoire. Notre travail aide à renforcer la confiance du public dans l’organisation. C’est un poste qui me rend fière, car il s’agit d’agir pour la protection des joueurs. »

Rester malgré les embûches

Décennie 1990. Diplômée d’une université québécoise et déjà intégrée au marché du travail montréalais, Sophie Minyem doit tout de même patienter jusqu’en 1997 pour obtenir la résidence permanente. Les années précédentes avaient été ponctuées de séjours à New York pendant les périodes d’attente des visas ou de délais administratifs. « C’était un parcours très hachuré, mais j’ai choisi de rester coûte que coûte, car j’ai adoré l’industrie de l’ingénierie au Québec. J’avais l’impression que je pouvais y apporter une belle contribution. »

Son ascension professionnelle sera dès lors constante... mais non sans quelques obstacles. À la fin des années 1990, le milieu est à dominance très masculine. « Une femme ingénieure devait parfois batailler pour faire sa place », confirme Sophie. Elle est alors aussi une rare personne afro-descendante dans ce paysage. « Disons que mon parcours n’a pas été un long fleuve tranquille! Mais, en ayant l’audace de présenter les choses à ma façon, j’ai pu me tailler une belle place. D’autres minorités visibles comme moi ont aussi fait changer les perceptions. »

Et aujourd’hui? « Il y a encore du travail à faire pour que l’industrie soit plus inclusive et plus diversifiée, mais ça a beaucoup évolué, analyse Sophie Minyem. Il y a de plus en plus de femmes en ingénierie, et des efforts sont faits pour attirer les personnes issues de la diversité. Tout ce beau monde atteint parfois des postes à haute responsabilité et des postes d’influence. Nous avons brisé certains plafonds. »

Passion innovation

Si elle a choisi d’exercer au Québec, c’est aussi parce que, selon elle, on y valorise nettement l’innovation, toujours en marche vers le progrès. C’est particulièrement vrai selon elle au sein de Genium360, où l’on est branchés sur l’évolution du métier et où l’on carbure aux innovations. « J’admire la gouvernance de cet organisme et les conversations stimulantes qui s’y tiennent, souligne-t-elle. Une chose qui me plaît particulièrement est que Genium360 est présent dans toutes les universités du Québec. Je m’implique personnellement dans le processus d’attribution de bourses d’études du programme AGIR. »

Comme elle, les jeunes boursières qu’elle rencontre chaque année devront s’armer de persévérance. Aux apprenties ingénieures, elle conseille de ne pas prêter l’oreille aux nombreuses personnes qui tenteront de les dissuader et de ne pas s’arrêter aux stéréotypes. « Si vous avez de l’intérêt pour les maths et les sciences, ayez confiance en vos compétences! »

Même si le milieu du génie au Québec est perçu comme très compétitif, les parcours comme celui de Sophie Minyem montrent qu’on y célèbre toutes sortes de profils et qu’on y récompense la détermination! Le génie est résolument sur le chemin de l'égalité et l'inclusion.

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